Montreuillon
Montreuillon, un village millénaire au cœur de l'Europe
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Montreuillon-culturel - (https://montreuillon.eu)

Histoire

Montreuillon village-frontalier et carrefour des régions

sur fond d'épopée des Ducs de Bourgogne

Tantôt massif forestier refuge d'écorcheurs, parfois entre France et Duché de Bourgogne,
tantôt nivernais tantôt autunois, aujourd'hui entre Vallée-de-la-Loire et Bourgogne-Franche-Comté …


 

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Jean Partiot (1926-2013)

Colonel d'aviation, médaille de la libération et Commandeur de la Légion d'honneur, Jean Partiot servit son pays sur plusieurs continents au long d'une vie trépidante et dangereuse

Une fois en retraite, il replongea ses racines dans sa terre de Montreuillon

Il réalisa en particulier une généalogie riche de plus de 1200 fiches et remontant à 1543 : rares sont les vieilles familles de Montreuillon qui n'ont pas à un moment ou a un autre mélé leur sang à sa famille. Il vérifia des milliers d'actes et consacra beaucoup de temps à observer et comprendre par lui-même les lieux où avaient vécu ses lointains parents.

Un autre essai significatif intitulé "Sébastien Partiot, petit propriétaire au XIXe siècle" témoigne de la grande connaissance et de l'amour qu'il portait à son terroir et à ceux qui en vécurent

Malheureusement ces documents n'existent pour l'instant que sous forme dactylographiée en une quinzaine d'exemplaires destinés à sa famille

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Christian Epin

Né à Paris en 1954, Christian Epin, Docteur en Histoire moderne et contemporaine est un amoureux du Morvan. Il est propriétaire d'une résidence à Montreuillon.

Il a en 1989 écrit un livre intitulé "Montreuillon, la durée et l'instant"- Edition Parimage, constituant l'Histoire très complète de ce village.

Ses recherches, en particulier celles ayant abouti à la localisation de la bataille de 1475 permettent de rapprocher de la réalité certains aspects légendaires d'une tradition orale ancestrale.

Aujourd'hui Secrétaire général de l'Académie du Morvan il prépare une biographie sur le Duc de Praslin (1712-1785) Chatelain de Chassy (commune de Montreuillon) et Ministre de Louis XVI.

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Abbé Jacques Félix Baudiau

Né en 1809 à Planchez, près de Château-Chinon, mort en 1890, l'abbé Jacques-Félix Baudiau (il écrivit son nom Baudiot jusqu'en 1856) a exercé son ministère en majeure partie à Dun-les-places dans le Haut-Morvan.

Son oeuvre principale est "Le Morvand ou essai géographique, topographique et historique sur cette contrée" paru en 2 tomes en 1854, puis en édition plus complète en trois volumes en 1866 et enfin seconde réédition en 1990.

Malgré quelques erreurs, en général mineures, son ouvrage présente un reflet fidèle de la vie de la région.

Il a laissé le souvenir d'un homme de bien et d'un savant.

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Christian Bouchoux

Originaire du Morvan et professeur d'Histoire en région parisienne.

Il est l'auteur de plusieurs articles et travaux sur Arleuf et le Morvan sous l'ancien régime (société, population, généalogie, ...)

Membre de l'Académie du Morvan, il participe activement à l'organisation de la bibliothèque.

Il est concerné par tout ce qui est patrimoine du terroir morvandiau

 

 

Montreuillon est situé sur la bordure occidentale du Morvan.

Au sud-ouest de la commune, la grande faille géologique1 qui délimite le massif granitique à l'Ouest repousse sur le versant ligérien6 le petit hameau de l'Huis‑Seuillot (direction orographique2 de "Mt.Reuillon" selon Michel-Lévy, 1899).

Le village s'est installé au fond d'une caldeira, à l'entrée des gorges de l'Yonne et sur la ligne de partage des eaux3 entre le bassin-versant4 icaunais5 et celui de la Loire. Il est donc situé géographiquement entre deux régions très différentes : schématiquement, à l'ouest les plaines calcaires, à l'Est un relief granitique en creux7 couvert de forêts.

Historiquement, c'est aussi la limite entre le Nivernais et la Bourgogne, position très délicate lors des querelles de Princes …!

 

Un carrefour de voies de communication

Depuis des temps immémoriaux, dans les régions vallonnées, les "lignes de partage des eaux"3 ou "lignes de crêtes" étaient privilégiées comme voies de communications, par les Eduens, les Romains et les médiévaux car elles permettaient une surveillance des environs et ne croisaient aucune rivière ou ruisseau qui aurait nécessité la construction de ponts.

Les chemins devenaient beaucoup plus faciles en arrivant dans la plaine pourvu que les les difficultés de franchissement des cours d'eau fussent résolues, certains itinéraires la rejoignaient donc le plus rapidement possible.

Emprunter les uns plutôt que les autres dépendait surtout du voyageur, les écorcheurs n'avaient pas les même desseins que les pélerins de Compostelle ...

 

 

Montreuillon était donc ainsi un carrefour de voies de communication8 permettant de rejoindre facilement :

  • au nord

    • Auxerre et l'Auxois par La-Roche-Ménard, La-Cabane-Rouge, Corbigny en poursuivant soit par Clamecy et la vallée de l'Yonne soit par Chatel‑Censoir et la vallée de la Cure ou encore en passant par Vezelay et Avallon

    Auxerre vers le Nord était l'entrée du Bassin parisien et Paris. La ville était appelée la "porte de la Bourgogne". Depuis toujours considérée comme un site religieux et stratégique, enfin un lieu privilégié pour le commerce

  • au sud

    • Moulins‑Engilbert par Saint‑Maurice, Champ10, Montchanson, Blismes, Château de Quincize, Grandry, Château de Chandioux (cf. L. Blin, 1976) pour atteindre les plaines du Charolais‑Brionnais, les vallées de l'Arroux et de la Braconne qui relient le Morvan et l'Auvergne
    • Château-Chinon, par La Grignon, Meuleau, l'Huis Ravet, Blismes, la ligne de partage des eaux par Vaumery, Saint-Gy, Château-Chinon, Les‑Buteaux, jusqu'au Mont‑Beuvray, pour descendre vers l'autunois et l'Arroux

    L. Blin (1957) montra qu'il existait de très nombreux échanges entre le Brionnais et les vallées du Rhone et de la Saone. Lyon approvisionnait déjà le Morvan au moyen-age. D'où l'importance des villes comme Charolles, Paray‑le‑Monial, Digoin, Roanne , Charlieu et bien sûr Cluny pour d'autres raisons. Les 2 itinéraires venant de Montreuillon et qui conduisaient au Sud étaient donc très importants pour les échanges entre l'Auxois, l'Auvergne et la vallée du Rhone

  • à l'ouest

    • Le Bazois, le Nivernais par Egreuil et Aunay‑en‑Bazois pour atteindre ensuite Saint‑Saulge, Nevers et plus loin, le Berry

    Après la bataille de Montreuillon qui concrétisa la défaite de Charles le Téméraire, le village a définitivement été lié au Nivernais et pas seulement par le Canal du nivernais.

    Le Berry était un pays agricole riche comparé au Morvan, mais aussi une région d'élevage ; les foires de Saint-Saulge restérent célèbres dans la littérature et il suffisait de lever les yeux vers le clocher de l'église pour comprendre que la véritable sainte patronne s'appelait, la charolaise8  …

    Pendant longtemps le massif granitique resta un pays d'embouche pauvre qui expédiait ses veaux dans les plaines fourragères de l'Ouest

  • à l'est

    • Les plaines de Bourgogne et Dijon via Lormes, Vezelay ou Avallon via Chastellux ou encore Saulieu

    C'était plus difficile de partir vers le levant, entrer dans le massif granitique, région vallonnée, rude, aux hivers sévères, mais aussi creuset de la culture morvandelle qui a façonné les Hommes à l'image de leur environnement. Plus loin, c'était enfin les riches plaines de Bourgogne, Dijon et - faut-il l'avouer ? - son histoire compliquée  …

 

En 52 av.JC, la fuite des Helvète devant César depuis Moulins−Engilbert, Lormes jusqu'à Avallon, passait par Montreuillon. En 1190 Philippe-Auguste et Richard Coeur-de-Lion partirent pour la croisade depuis Vezelay en passant par Montreuillon et Moulins-Engilbert en seulement 2 jours, ce qui signifie un bon entretien de ces chemins (C. Epin, 1989).

De même, les "Routiers" et "Grandes compagnies" du xiie et xiiie siècles, les écorcheurs du xive et xve siècles qui pillaient les marchés de Paray-le-monial et Charolles et qui étaient retrouvés quelques jours après en Auxois, après avoir rançonné Château-Chinon (J. Freminville, 1887) prenaient aussi le même itinéraire …

 

 

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Lieu d'affrontements médiévaux

Les Seigneurs capitaines de places fortes étaient tantôt fidèles au Roi, parfois à son ennemi mais toujours à leur intérêt personnel.

Ils étaient par moment considérés comme "écorcheur" ou plus tard comme des alliés bien convenables !

Mais rares étaient ceux dans les campagnes qui se réjouissaient de voir arriver chez eux une troupe de soldats en armes de quelque origine elle soit : pour les paysans le scénario restait le même, pillages, viols et brutalités !

A Montreuillon il existait plusieurs maisons-fortes dont certaines furent progressivement transformées en châteaux-défensifs : Chassy, Saint-Maurice-Chambrun, Champ et Eguilly. Ce qui montre si nécessaire que le village était bien un noeud de communication, un lieu de passage visité par des gens pas toujours fréquentables ...

Pourtant les dégâts les plus significatifs étaient la conséquence des luttes incessantes entre féodaux qui ravageaient le Morvan occidental dès qu'une situation leur était contraire.

Pendant plus d'un siècle les Rois de France et les Ducs de Bourgogne ont eu des relations difficiles, ponctuées d'assassinats, de trahisons, d'alliances douteuses.

Les paysans devaient une aide militaire à leur Seigneur mais n'ayant aucune valeur marchande personne ne voyait l'intérêt de les nourrir comme prisonnier : s'ils ne parvenaient pas à fuir, ils étaient donc massacrés alors que leur maître était retenu en otage.

Pendant ce temps, chez eux, leurs champs étaient ravagés par la cavalerie, leurs femmes et leurs filles devaient se cacher au moindre cliquetis d'armes. Quant à leurs pauvres biens … : il ne faisait pas bon être frontalier !

Un point d'orgue fut atteint en 1475 lors de l'affrontement armé qui opposa Louis XI et Charles le Téméraire et qui eut lieu à Montreuillon.

 

 → En savoir plus sur les relations chaotiques entre les Rois de France et les Ducs de Bourgogne  …
 → En savoir plus sur la bataille de Montreuillon et l'embuscade des Champs d'Eguilly  …

 

Michel Partiot Académie du Morvan ‑  juin 2015

 

 

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Bibliographie

  • Blin L., 1957,Notes sur deux chemins anciens de Lyon au Charolais - Annales de Bourgogne 113 : 7-22 - t.xxix
  • Blin L., 1976, Recherches sur un chemin médiéval - de l'Yonne à la Loire par Vezelay et Moulins-Engilbert - Bull. de la Société des Sciences de l'Yonne, 106:17-38
  • Baudiau JF. , 1854 et 1867. Morvand ou Essai géographique, topographique et historique sur cette contrée, 1re édition en 2 volumes, 1854, nouvelle édition en 1866 en 3 volumes, Ed. Fay père et fils - Nevers. rééditée en 1990 Ed. Aleï - Voillot, Clamecy.
  • Beaujeu-Garnier J., 1950, Le Morvan et sa bordure Ed. PUF, 288 p.
  • Bonnamour J., 1966, Le Morvan - La terre et les hommes Ed. PUF, 454 p.
  • Bouchoux C.Académie du Morvan, 2014, Vivre et mourir en Morvan - du xvie au xviie siècle - 1re partie : Les approches topographiques et démographiques, Bull. Acad. du Morvan, n° 77, 72 p.
  • Bruley J., 1973, Le Morvan coeur de la France - Géographie, Histoire, Littérature, t. I, Ed. La Morvandelle, 571 p.
  • Chevanne J.R. de, 1934, Les guerres en Bourgogne de 1470 à 1475 - Étude sur les interventions armées des français au Duché sous Charles le Téméraire, Ed A. Picard Paris, 352 p.
  • Chevanne J.R. de, 1937, Episodes des dernières luttes au duché de Bourgogne (1470 - 1475), Association bourguignonne des sociétés savantes - 12e congrès, Dijon 26 au 28 mai 1935 - p. 45
  • Epin C.Académie du Morvan, 1989. Montreuillon - La durée et l'instant, Ed. Parimage, 247 p.
  • Fréminville J. de,1887, Les Ecorcheurs en Bourgogne (1435 - 1445) - Étude sur les compagnies franches au xve siècle. 1re réedition, 2012, Ed. Le livre numérique-Lorisse Paris, 274 p.
  • Michel-Lévy A., 1898, Le Morvan et ses attaches avec le massif central, In: Annales de Géographie, t. 7, n°36:404-428.
  • Michel-Lévy A., 1899, Le Morvan et ses attaches avec le massif central, In: Annales de Géographie, t. 8, n°37:6-21.
  • Nouvel P., 2013; - Les voies romaines en Bourgogne antique : le cas de la voie dite de l'Océan attribuée à Agrippa - 20e colloque de l'Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, Saulieu, 16-17 octobre 2010, Oct 2010, Saulieu, France. A.B.S.S. / Amis du vieux Saulieu, pp.9-57, 2012.
  • Péré P., 2009, Miettes d'histoire du Bazois, Documentation page web CC du Bazois, 50 p. .
  • Renault E., 1953, Contribution à l'Histoire de Moulins-Engilbert, Ed. Chassaing Nevers, 198 p.

Documentation numérique

 

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Notes

  1. Faille géologique : voir Michel-Lévy, 1899 p. 7, J.Delfour, 2013 et Beaujeu-Garnier, 1950
  2. Orographie : domaine de la géomorphologie et de la géographie physique concernant la description des montagnes et par extension, plus généralement du relief
  3. Ligne de partage des eaux : limite entre plusieurs bassins versants
  4. Bassin versant : aire où se rassemblent les eaux qui se déversent dans un même exutoire (rivière, fleuve, mer).
  5. Icaunais : relatif à l'Yonne - vient du nom celte "Ica Onna", rivière divinisée elle était sensée avoir de grande possibilités marchande et elle était sujette à de grandes colères)
  6. Ligérien : relatif à la Loire
  7. Relief en creux : En Morvan le vieux socle varisque (appelé auparavent hercynien) a été pénéplané (raboté par l'érosion). Par la suite au permien, dans la région de Montreuillon, des intrusions magmatiques ont traversé ce substrat granitique (ryolithe). Enfin, les mouvements orographiques alpins du tertiaire ont soulevé et cassé le bloc morvandiau et les nombreux cours d'eau ont creusé ce nouveau relief. L'aspect apparaît montagneux au voyageur bien que les "montagnes" ne mesurent que quelques centaines de mètres d'altitude (autour de Montreuillon, l'altitude est d'environ 300 m et le Haut-Follin domine le Morvan une altitude de 901 m !)
  8. Voies de communication : les itinéraires évoqués ne suivent pas obligatoirement les routes actuelles. Ils ont été décrit par des chercheurs (L. Blin, 1976 - C. Epin,1989), sont indiquée sur les anciennes cartes du xviiie ou du xixe siècle, d'anciens cadastres ou enfin sont les plus logiques car les plus directs, qu'ils soient goudronnées par endroit ou pas
  9. clocher de Saint Saulge : une vache charolaise fut hissée au sommet de l'église en 1914 par une bande de jeunes fêtards sans doute pas complètement à jeun .... C'était une année de forte sécheresse et ils prétendaient lui faire brouter l'herbe qui poussait sur le toit ! Depuis, la tradition est entretenue, une reproduction grandeur nature de "Blanchette" pesant quand même 173 kg, est hissée au printemps et elle est redescendue en automne. Cela donne prétexte à des fêtes conviviales en début du mois de mai !
  10. Champ : l'orthographe actuelle est "Champs"

 

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