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Écologie - Développement durable

IV-1 Agroécologie

Transition des systèmes agricoles

Exploiter toutes les ressources de la nature pour un développement économique, inclusif et écologique


 

"Les mauvaises herbes n'existent pas, ce sont seulement des plantes que l'on ne connait pas"
   Lucien Seguy

 

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    Glossaire : vocabulaire de l'agroécologie

    Première partie : Le pacte vert pour l'Europe

  • Green Deal : Pacte vert pour l'Europe
  • Objectif 55 : réduction des émissions de GES de l'UE d'au moins 55% d'ici 2030
  • GES : Gaz à effet de serre
  • 3 piliers de l'agroécologie : Economie, social (inclusif) et écologique
  • SDG : Sustainable Development goal (vf. Objectifs du développement durable)
  • ODD : Objectifs du développement durable

    Deuxième partie : Transition agroécologique

  • plantes de couverture : plantes associées à la culture principale
  • plantes de service : plantes de couverture
  • BRF : Bois raméaux fragmentés
  • Semis directs : Semis sans labour préalable
  • no till : ou no tillage, sans labour
  • rotation culturale : succession de culture destinnée à reconstituer une microflore/une microfaune et une texture/structure du sol favorable à la culture principale à venir
  • potentiel redox : aptitude pour un système à capter des électrons, l'oxydant ou à céder des électrons, le réducteur . Rappelons que les électrons ont une charge négative d'où le nom !
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    Sigles et acronymes


  • ABC Arapoti, Batavo et Castrolânda
  • ACS Agriculture de Conservation des Sols
  • AFD Agence Française de Développement
  • ANAE Association Nationale d’actions Environnementales
  • APDC Association de Semis Direct des Cerrados

  • BID Banque Interaméricaine de Développement
  • BIRD Banque Mondiale
  • BRL Bas Rhône Languedoc

  • CAAPAS Confédération Américaine des Associations de Semis Direct
  • CAT Clubs des Amis de la Terre
  • CIDA Canadian International Developpement Agency
  • CIRAD Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
  • CNEARC Centre National d'Etudes Agronomiques des Région Chaudes
  • CNPSO Centro Nacional de Pesquisa de Soja
  • CNRS Centre National de la Recherche Scientifique

  • DED Deutscher Entwicklungsdienst
  • DIAL Développement, Institutions et Analyses à Long Terme
  • DP Dispositif en partenariat

  • ECAF European Cooperation Agriculture Federation
  • EMATER Empresa de Assisténcia Técnica e Extensão Rural
  • EMBRAPA Empresa Brasileira e Experimentação Agropecuária
  • ESA Eau, Sols, Arbre

  • FAFIALA Centre d’Expérimentation et de Diffusion pour la Gestion Paysan des Collines
  • FAO Food and Agricultural Organisation
  • FEBRAPDP Fédération Brésilienne de semis direct dans la paille
  • FECOTRIGO Federação das Cooperativas de Trigo e Soja do Rio Grande do Sul
  • FIFAMANOR Centre de Recherche et de Développement Rural en Agriculture et Elevage
  • FNI Fábrica Nacional de Implementos
  • FOFIFA Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural
  • FUNDACEP Fundação Centro de Experimentação et Pesquisa
  • GIS Groupe d’Intérêt Scientifique
  • GIZ Deutsche Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit
  • GSDM Groupement Semis Direct à Madagascar
  • GTZ Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (ex GTZ)

  • IAPAR Institut Agronomique de l’Etat du Parana
  • ICI Imperial Chemical Industry
  • IEA Instituto de Economia Agricola
  • INRA Institut National de Recherche Agronomique (ex INRAe)
  • INRAe Institut National de Recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement
  • IPEAME Institut Fédéral de Recherche Agronomique Méridional
  • IRD Institut de Recherche pour le Développement

  • OGM Organismes Génétiquement Modifiés
  • ONG Organisme Non Gouvernemental

  • PAC Politique Agricole Commune
  • PSDR Projet de Soutien au Développement Rural

  • SAU Surface Agricole Utile
  • SCRID Systèmes de culture et rizicultures durable (URP)
  • SCV Système de culture sur Couverture Végétale
  • SODECOTON Société Nationale de Développement du Coton
  • SOMALAC Société Malgache d’Aménagement du Lac Alaotra
  • SRI Système de Riziculture Intensive

  • TAFA Terre et Développement
  • TCS Techniques de Conservation des Sols
  • TCS Techniques Culturales Simplifiées
  • TSL Techniques Sans Labour

  • UMR Unité Mixte de Recherche
  • UPR Unité Propre de Recherche
  • URP Unité de recherche en Partenariat
  • USAID United States Agency for International Development
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L'irrigation à Madagascar

 

À Madagascar la Banque Mondiale installa des "périmètres" de riz irrigué en modifiant les réseaux hydrauliques existant, pour optimiser la gestion de l'eau dans les bas-fonds. Elle pensait y attirer tous les riziculteurs des environs.

C'était oublier que depuis le règne du Roi Andrianampoinimerina, les Malgaches cultivent le riz irrigué et gèrent l'eau équitablement, de façon à ce que tout le monde y ait accés.

Celle qui a servi a un riziculteur doit pouvoir être ensuite utilisée par celui qui est un peu plus bas, etc. : cela fait partie de leur culture !

Or les paysans ont constaté que les circuits de drainage privaient d'eau les villages situés sur les pentes des collines, qu'il allait falloir la payer pour l'utiliser dans les bas-fonds alors que traditionellement c'était un bien commun gratuit donné par Dieu ("Andriamanitra no namboatra e, Zanahary ny lanitre e sy ny tany")*

Ils ont donc reconstitué les canaux traditionels qui parfois coupaient ceux des grands et coûteux périmètres de la "révolution verte". Ces derniers ont été asséchés et servent actuellement de chemins creux pour mener le bétail !

 

* Dieu l'a fait, il créa le ciel et la terre

 

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Le Maïs au Nord-Cameroun

 

Au Cameroun, dans les années 1980, des Maïs américains cultivés avec tout l'environnement de la révolution verte (semences sélectionées, irrigation, engrais, pesticides, ...), furent comparés avec des variétés locales, sans irrigation ni engrais ni pesticides...

Un procédé scientifiquement douteux pour démontrer aux cultivateurs qu'ils devaient choisir celui d'outre-atlantique !

Et pourtant, sans la prise en charge de l'état, les paysans qui sont pourtant très pauvres dans cette région, préférèrent garder leurs propres semences de Maïs d'une année sur l'autre (approvisionnement en semence garanti).

Leurs variétés étaient beaucoup moins productrices, mais résistantes aux maladies locales, bien adaptées au climat et surtout moins coûteuses à mettre en place.

 

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La sélection au Sud

 

Au Cameroun, des bourses étaient attribuées par les USA à des chercheurs du sud pour "compléter leur formation".

A leur retour, ils rapportaient un phD qui leur conféraient un titre de Docteur, très apprécié dans leur milieu culturel.

De même, sans tenir compte des stratégies d'amélioration définies dans leur organisme de recherche d'origine, ils rapportaient avec eux :

  • des variétés à tester,
  • des protocoles expérimentaux élaborés outre-atlantique, à suivre strictement,
  • des outils informatiques préformatés
  • et ils devaient envoyer les résultats directement au laboratoire américain qui les interprétait.

 

Ainsi des essais multilocaux étaient mis en place à moindre frais à travers le monde. Et l'équipe américaine pouvait publier !

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Norman Ernest Borlaug et la révolution verte

(1914-2009) :

Phytopathologiste de l'Université du Minnesota

Mandaté par le Fondation Rockfeller pour sélectionner des variétés de Blé à haut rendement pour l'Afrique, pour lutter contre la faim. Il s'appuya sur la variété Norin 10 et des variétés traditionelles mexicaines et tripla les rendements de ces hybrides.

La révolution verte à consistée essentiellement : en l'amélioration des rendements du Riz et du Blé, en maitrisant l'approvisionnement en eau, et en généralisant l'usage des engrais et des pesticides. Dans les pays développés il est à noter également la mécanisation et le remembrement.

Ces semences ont sauvé un milliard de Pakistanais et d'indien de la famine en 1970. Ces résultats lui valurent le prix Nobel de la paix.

La contre partie est la déforestation, la réduction de la biodiversité, la dépendance à l'eau et aux fournisseurs d'intrants, la stérilisation des sols due à un labour de plus en plus profond.

Il est possible d'ajouter pour les pays développés, le manque de connaissance en économie des producteurs qui se traduit par de la surproduction, le manque d'évaluation des risques financiers dans les décisions d'investissement et une mauvaise évaluation des coûts de transaction dans les itinéraires techniques

Enfin la théorie de Borlaug s'appliquait aux deux produits permettant de limiter les famines (le Riz et le Blé) mais les agriculteurs dans les pays développés diversifient leurs productions et les lois du marché sont impitoyables.

 

glossaire de l'agroécologie

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C'était une autre époque !

Pendant des siècles l'agriculture a perpétué les savoirs issus des traditions, du travail et de l'observation des agriculteurs.

Ils ont remplacé la houe et le "pic de vigne" par des araires ou des charrues selon les régions, le type de sol, les cultures et le mode de traction possible.

 

l'araire

L'araire, dont la pièce travaillant est un soc pointu en bois renforcé par du fer était employé en Mésopotamie depuis le ive millénaire avant J.‑C.

Il est encore utilisé au Moyen-orient, en Amérique du sud et en Afrique du Nord.

Il permet de tracer des sillons et de créer des billons dans des sols légers et pénètre le sol sur une dizaine de centimètres.

Il peut être tracté par un animal peu puissant (âne, chameau)

 

Araire
Araire
Araire : un travail du sol très superficiel
Araire : un travail du sol très superficiel

 

 

la charrue

La charrue3 en retournant la terre élimine les mauvaises herbes et aére les sols lourds.

Elle possède un coutre4 à l'avant qui fend la terre et prépare le travail, une rasette5 qui découpe une bande de surface (qui contient les adventices et l'humus), un soc qui creuse la terre et un versoir qui retourne et la déverse sur le coté.

Elle travaille sur 15 à 25 cm et doit pour cela être tirée par des boeufs ou des chevaux.

Avec le temps elle fut améliorée par l'installation de 2 socs symétriques mobiles qui permettaient au laboureur de travailler son champs en aller-retour.

Aujourd'hui il existe des couplages de 8 charrues semi-portées (exemple Kuhn-multileader XT - en photo) elles peuvent être tirées par des tracteurs conventionnels de 500 cv dont le poids à vide est de 14 tonnes. Elle fournit un effort à la pointe par élément de 2,5t !

 → Schéma de principe du labour  …

 

Braban 2 socs
Braban 2 socs
Plan d'une charrue
Plan d'une charrue

 

 

le laboureur

Le laboureur traditionnel était le plus souvent le chef de famille qui travaillait la terre familiale héritée des ancêtres (cf. E.Zola : "La Terre").

Il lui appartenait de la pénétrer pour la féconder et la faire produire.

Combien d'hommes, avant de partir à la guerre de 1914-18 ont passé les derniers jours et les dernières nuits à labourer, parce que c'était leur devoir !

Pourtant, par la suite, les femmes ont bien montré qu'elles étaient capables de faire un travail d'homme, sans déshonorer en cela leur conjoint.

 

Une agriculture de subsistance

En Morvan, pendant des siècles ce fut une agriculture de subsistance complétée par du jardinage dans l'ouche et un peu d'élevage (bovins, porcs et volaille). La production faisait tourner une économie locale peu dynamique, mais qui permettait à une population peu exigeante de vivre.

 

Chargement du chariot
Chargement du chariot
Début de mécanisation
Début de mécanisation
Mc Cormick Farmall Super BMD
Mc Cormick Farmall Super BMD de 1957
Multicharrue-LeaderXT-2022
Multicharrue-LeaderXT-2022

 

 

glossaire de l'agroécologie

 

 

 

La révolution verte !

 

Naissance d'une agriculture productiviste

La création de variétés de Blé à haut rendement, de résistance génétique, l'utilisation d'engrais chimiques et de pesticides, la mécanisation furent appelés "la révolution verte" par Norman Borlaug, tellement efficace qu'elle servit de modèles dans le monde entier. Et la faim dans le monde recula !

Le monde agricole dut apprendre à parler, de rendement, de capital, de charges, d'emprunts, de chaines de valeur, de coût-bénéfice.

La FAO5 fut créée en 1945 et travailla dans le même sens.

Mais aujourd'hui, les campagnes sont à bout de soufle, les agriculteurs sensibilisés à la recherche de la puissance et de l'efficacité n'ont pas toujours anticipé ce mode de travail.

Ce sont maintenant des endettements à outrance des utilisations d'engrais chimiques et de pesticides en quantité de plus en plus importantes. Ils sont confronté à un monde sans scrupules où la concurence et l'appât du gain guide les comportements et ils n'ont pas été formés à cela.

 

 

Irrigation traditionelle <br />Betafo  - Madagascar
Irrigation traditionelle
Betafo - Madagascar
La gestion de l'eau traditionelle<br />Betafo  - Madagascar
La gestion de l'eau traditionelle
Betafo - Madagascar

 

 

 

Recherche de nouveaux paradigmes

De nos jours,

  • les haies hébergeant la biodiversité animale et végétale ont disparue.
  • A force de labour, les sols sans humus sont devenus biologiquement morts
  • les nappes phréatiques sont polluées par les excés d'épandages d'engrais et de pesticipes
  • les sols sont lessivée et l'érosion n'est plus anecdotique
  • Enfin les hommes ont tellement cherché à augmenter la puissance que l'effet de serre résultant de l'utilisation des énergies fossiles provoque des catastrophes écologiques

 

Il faut donc revenir à plus de raison : les agriculteurs ne vont plus accepter de travailler sans salaire et la situation écologique qu'ils vont léguer à leurs enfants est catastrophique :

 

l'agroécologie et l'agroforesterie sont des solutions à envisager mais il est urgent de les mettre en place !

 

 

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Les alternatives

L'agriculture biologique

Elle est caractérisée par des pratiques soucieuses des équilibres naturels et du respect du bien-être animal.

Refus des intrants chimiques de synthèse et des OGM. Elle consomme moins d'eau et d'énergie que l'agriculture conventionnelle.

Sont acceptés les engrais et pesticides d'origine naturelle (même si certains détruisent la biodiversité dans l'humus, qu'ils soient naturels ou pas) :

  • les pyréthrinoïdes, le spinosad (insecticide neurotoxique accepté, même s'il est très toxique pour les pollinisateurs), le Bacillus thuringiensis (Bt) contre la piéride du choux, le ver du poireau, les noctuelles, les chenilles processionnaires du Pin, la pyrale du buis.
  • En 1976 deux sérotypes actifs de Bt ont été isolés et utilisés en Camargue contre les larves de moustiques, les simulis et les coléoptères
  • Des produits comme le soufre, le cuivre et le sulfate de cuivre sont acceptés.
  • Le travail du sol est accepté en agriculture biologique
  • La stérilisation des sols qui détruit tous les organismes vivant dans les premiers horizons du sol est autorisée

La lutte contre les nuisibles autorisée en culture biologique est souvent moins efficace que celle utilisant des pesticides chimiques. Il faut donc passer plus souvent et laisser plus de résidus et pour atteindre le même niveau de production que l'agriculture conventionnelle. Il faudrait 30% de terre cultivée en plus pour atteindre le même rendement.

Les rendements étant moins importants, les prix des produits sont plus élevés

De nombreux foyers français achètent des produits bio, bien qu'ils soient plus chers (population de consommateurs moins attentive au prix des produits) mais le marché a plafonné depuis 2020 et cela freine donc logiquement sa croissance.

 

L'agriculture durable

Elle s'appuie sur les 3 piliers du développement durable : économiquement rentable, écologique (limiter l'impact sur l'environnement) et social (doit nourrir toute la population y compris la moins aisée).

Les pratiques agricoles doivent protéger l'environnement (pas de labour, éviter les sols nus pour limiter l'érosion et dégradation des ressources naturelles).

Améliorer la qualité de l'air et de l'eau.

Augmenter la biodiversité, limiter les pesticides, herbicides et engrais, diminuer les émissions de carbone

Tout cela en soutenant la viabilité économique des exploitations agricoles et en améliorant la qualité de vie de l'agriculteur

Beaucoup d'intentions louables qui ont le mérite de définir des objectifs, mais pas de solutions

 

L'agriculture raisonnée

L'agriculture raisonnée se présente comme une alternative à l'agriculture intensive conventionnelle.

Elle est le fait d'agriculteurs bien conscients des problèmes de pollution, d'effet de serre, de bien être animal. Ils visent à concilier production à hauts rendements avec labour, mais en utilisant des doses juste nécessaires de produits pesticides et d'engrais.

Objectifs respectables, mais il n'empêche que les pesticides même à faible dose détruisent la biodiversité et à la fois les nuisibles que les organismes utiles. De plus les doses d'engrais seront toujours plus élevées dans un sol sans humus et qui est de moins en moins fertile.

 

L'agriculture de conservation

L'agriculture de conservation est un système cultural qui permet de prévenir les pertes de terres arables tout en régénérant les terres dégradées. Pas de labour perturbant la couche humifère. Il s'agit de copier les processus qui prévalent en forêt

Elle favorise le maintien d'une couverture permanente du sol et la diversification des espèces animales, végétales et microbiennes au sein de l'humus.

L'Agriculture de Conservation prône donc le zéro-labour soit la suppression du travail du sol pour reconstituer l'humus et les organismes qu'il contient (agriculture régénérative), l'installation d'une couverture végétale permanente morte (résidus de culture) ou vive permanente implantée entre les cultures, le semis-direct et des rotations longues et diversifiées.

 → Consulter le Manuel pratique du semis-direct sur couverture végétale permanente (SCV)  …

 

Il est d'autre part indispensable de consulter les bibliographies de Lucien Seguy, Hubert Charpentier, chercheurs au Cirad ayant mis en pratique avec succès dans leur ferme ce que la recherche agronomique outre-mer leur avait appris. Mais aussi Claude Bourguignon, Jean-Claude Quillet et d'autres aussi passionnés et passionnants, cités en bibliographie.

Le rendement est équivalent voire supérieur dès la première année par rapport à l'agriculture conventionnelle

A noter aussi une très forte réduction des pesticides, herbicides et engrais, donc un abaissement des dépenses liées à ces épandages et aux frais de structures (main d'oeuvre et équipements).

Enfin une amélioration de la qualité de vie de l'agriculteur qui peut profiter décemment de son métier, avec des revenus qui ne sont plus seulement liés au rendement mais aussi aux économies qu'il fait dans le choix de ses pratiques culturales.
(cf. Charpentier, 2019).

 

 

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Le chercheur, l'agriculteur et les systèmes de culture en Semis direct sous Couverture Végétal permanente

Source : H. Charpentier †

 

Comme chacun le sait, pour un agriculteur il n'y a que la terre et la nature qui ne trompent pas. Tout le reste n'est que paroles, alors laissons parler l'agriculture de conservation et plus précisemment les systèmes de culture sur couvert végétal permanent, (SCV) !

Après des dizaines d'années de recherche agronomique outre-mer, au CIRAD, l'agronome Hubert Charpentier a repris la ferme de ses parents (200 ha dans le Berry-Champenois), qui pratiquaient une agriculture traditionnelle.

Il a décidé d'appliquer les résultats de ses recherches et mettre en place les SCV.

Aujourd'hui il parle en agriculteur : texture et structure du sol, pH, sol hydromorphe ou pas, dose d'azote, de P2O5 et de soufre, de rendement, de rotation de cultures, de pluie et sécheresse, etc. mais il n'y a pas de contradictions avec son expérience de chercheur.

Ce qui est le plus intéressant c'est qu'il nous dit produire dès la première année, autant qu'un agriculteur conventionnel, mais avec beaucoup moins de charges.

En effet, une parcelle gérée en agroécologie nécessite un ou au maximum deux tracteurs dans sa vie : pas de grande puissance développée, pas de labour pas de boue, pas de main d'oeuvre inutile, très peu d'intrants, pas d'insecticides, très peu de fongicide, très faibles doses de glyphosate pour "ralentir" mais sans la tuer, la luzerne qui aurait tendance à couvrir la culture, très peu d'unités d'azote en complément éventuel des légumineuses et c'est tout ! Et pourtant, nous dit-il, il vit correctement de son métier.

Bien sûr, il sait dans son exploitation où sont les sols argilo-calcaires, profond ou pas, les sols sableux acides, la partie hydromorphe, de réputation incultivable en bas de sa propriété.

A partir de ces données, il sème des plantes de couverture adaptées, de la luzerne qui lui apporte gratuitement non seulement 80 Unités d'azote mais une mobilisation des bases et des oligoéléments.

Ou encore une alternance Sorgho et Pois pour se débarrasser des repousses de graminées.

Soit du Trèfle, soit du Lotier (légumineuses également, qui ajoutent de l'azote) selon la profondeur du sol pour éviter la concurrence pour l'eau, suivi du Colza. Alors pendant 3 ans il sème du Blé comme culture principale sans observer d'"effet céréale" (piétin échaudage) : les maladies sont contrôlées par la biodiversité qu'il a recréée et les antagonistes favorisés par les plantes de couverture, par exemple Clonostachys rosea contre la fusariose, Trichoderma sp. contre la septoriose !

Si enfin il veut récupérer sa parcelle inondée, il sème du Lotier des marais, bien connu dans le Morvan et le sol hydromorphe drainé devient fertile en une saison !

Bien sûr, en bon paysan, il ne livre pas tout et ces processus semblent très simples, mais en fait il s'agit du résultat de beaucoup de travail pour observer le comportement de ses parcelles, et connaître leur réponse à ses innovations.

Il nous parle d'évidences mais on apprend au détour de la conversation qu'il se lève bien souvent au lever du soleil pour vérifier que tout se passe bien et que l'orage de la nuit n'a pas fait de dégâts ou encore pour faire un traitement plus efficace qu'à midi donc à dose minimale, ... !

Si une maladie se déclenche, il change immédiatement de rotation de culture (facile à dire, mais lui en plus, il sait le faire !) : pour lui l'essentiel est la bonne conduite de la plante de couverture perenne !

Depuis plusieurs années, H.Charpentier(†) travaillait avec les Chambres d'Agriculture pour transmettre ses compétences 8: Un millier d'agriculteurs ont bénéficié de ses conseils, de ses démonstrations sur le terrain (il le prouvait en montrant dans sa propre exploitation ce qu'il préconisait) et de son "service après-vente" comme il appelait les liens et le réseau qu'il avait tissé avec tous.

Bravo Hubert !

 

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Les plantes de couverture ou ... plantes de service
 
 CLIMATS TEMPERES UBIQUISTE CLIMATS TROPICAUX 
 
 Légumineuses annuelles  Légumineuses annuelles 
 
 Fénugrec Trèfle d'alexandrie Vesce velue Crotalaria sp.Sesbania sesban 
 Féverole Trèfle incarnat  Cajanus cajanMucuna pruriens 
 Gesse fourragère Trèfle de Perse  Dolichos lablabVigna unguicula 
 Lentilles fourragères Soja    
 Pois fourrager Vesce du Bengale    
 Pois protéagineux Vesce commune    
 
 Légumineuses perennes  Légumineuses perennes 
 
 Luzerne Trèfle blanc        Stylosanthes arachides pérennes 
 Lotier corniculé Trèfle violet    
 Lotier des marais Sainfoin    
 Minette      
 
 graminées annuelles  graminées annuelles 
 
 Blé Seigle Avoine    Moha Eleusine  
 Orge Triticales Millet      Sorgho   
 
 graminées pérennes  graminées pérennes 
 
 Ray grass italien Dactyle  Bracharia    Kikuyu 
 
 Crucifères  Crucifères 
 
 Caméline Moutarde brune    
 Colza Navette d'hiver    
 Colza fourrager Radis Daikon    
 Moutarde blanche Radis fourrager    
 
 Composées  Composées 
 
 Tournesol  Nyger   
 
 Polygonacées  Polygonacées 
 
 Sarrazin     
 
 Euphorbiacées  Euphorbiacées 
 
 Mercuriale     
 
 Hydrophyllacées  Hydrophyllacées 
 
 Phacélie     
 
 Linacées  Linacées 
 
 Lin cultivé               
 

 

 

 

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La transition agro-écologique

 

L'agroécologie a quitté la sphère de l'agriculture et intéresse désormais aussi les économistes, les sociologues, les climatologues, les juristes, les environnementalistes et les politiques. En fait ce sont tous ceux qui ont compris qu'il fallait sortir du système de la révolution verte qui nous conduit au désastre.

Mais tous sont aussi des consommateurs concernés : il s'agit de trouver des solutions qui ne compromettent pas l'avenir des générations futures, qui réduisent les impacts environnementaux tout en permettant aux agriculteurs de vivre décemment.

Ci-dessous des extraits de publications qui traduisent ces préoccupations :

 

La transition agroécologique : l'affaire de tous

Citations extraites du livre (également accessible en ligne):
FX Côte et al 2018 - La transition agroécologique des agricultures du sud - Col Cirad-AFD, Ed. Quae)

JM Sourisseau et al (p.257-285)

Les moteurs du développement de l’agroécologie en Afrique subsaharienne : illustration sur les Hautes Terres malgaches

[...] l’agroécologie peut être repensée comme la recherche d’un équilibre dans la gestion d’un ensemble de ressources.

Elle suppose la remise en cause, voire la déconstruction, des connaissances et des pratiques agricoles et alimentaires à la base de notre représentation du modèle de développement agricole [...].

Malézieux et al (p.286-312)

Des processus de régulation naturelle à l'innovation technique, quelles solutions agroécologiques pour les agricultures du Sud

[...] Dans le domaine de l’agroécologie, l’innovation exige souvent l’appropriation durable et la mobilisation par les agriculteurs de connaissances à la fois scientifiques et locales sur des processus parfois complexes [...]

F.Affholder et al (p.313-343)

Évaluation des compromis entre enjeux environnementaux et socio-économiques dans les systèmes agroécologiques

[...] Le concept de développement durable tel que proposé en 1987 par l’ONU dans son rapport "Notre avenir à tous" met en exergue la notion de solidarité inter et intragénérationnelle, en affirmant que le "développement durable doit permettre de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures" (rapport Bruntland, WCED, 1987) [...].

[...] Il en résulte la nécessité de prendre en compte les dimensions sociale, environnementale et économique des activités humaines ("People, Planet, Profit", cf. Elkington, 1997) [...].

[...] Dans le cas des agricultures pauvres des pays du Sud, l’enjeu est[...]d'identifier des trajectoires qui n’ajoutent pas simplement au fardeau de la pauvreté une injonction à préserver l’environnement [...].

[...] Car si ceux-ci y sont maintenus, [des millions de ruraux] emprunteront bientôt en nombre encore plus grand qu’aujourd’hui les routes des migrations internationales, avec dans les démocraties riches qu’elles atteignent, des impacts sociaux majeurs allant jusqu’à la régression de certains principes démocratiques [...].

E. Torquebiau et al (p.344-359)

Agroécologie et changement climatique : des liens intimes et porteurs d’espoir

[...] Les exemples d’impact du changement climatique sur l’agriculture abondent : saisonnalité irrégulière, précipitations décalées dans le temps ou réparties différemment, évènements extrêmes, températures modifiant les dates des récoltes, bioagresseurs plus actifs, etc. [...]

[...] Les impacts sont variés et joueront aussi bien sur les rendements (Roudier et al., 2011) que sur la qualité nutritive des produits de récolte. Myers et al. (2014) prévoient ainsi pour le blé et le riz une baisse significative de la teneur en protéines, en zinc et en fer, due à une augmentation de la concentration en carbone atmosphérique [...].

[...] La diversité des pratiques de l’agro-écologie permet [...] d’améliorer la résilience aux futurs changements climatiques [...].

[...] par exemple, les techniques de conservation de l’eau permettent aux cultures de mieux faire face à un déficit pluviométrique imprévu (absorption) ; la diversité variétale à disposition de l’agriculteur lui permet de choisir avant la saison culturale quelles seront les variétés optimales à planter (en anticipant les variations à moyen terme) ; la diversité des variétés et des cultures et leur couplage avec l’élevage donnent à un agrosystème une capacité de transformation qui lui permet de survivre aux grands changements de long terme tels que ceux modélisés par les scénarios du changement climatique [...].

C. Cerdan et al (p.392-422)

Quelles dynamiques marchandes pour promouvoir la transition agroécologique ?

[...] pour faire de la production agroécologique ou de la production biologique, l’agriculteur devra s’impliquer dans des processus d’apprentissage et d’expérimentation qu’il conduira de façon individuelle et/ou collective [...].

[...] Mobiliser les processus agroécologiques dans son système de production requiert de nouveaux savoirs, le sens de l’observation, une certaine sensibilité à son environnement mais aussi d’établir de nouvelles relations marchandes avec les consommateurs [...].

[...] il n’est pas facile de faire le pas pour changer de systèmes ! Il arrive que les agriculteurs modifient totalement leur système de production (à l’exemple des producteurs de tabac qui s’orientent vers la production maraîchère au Brésil). Les années de spécialisation ont contribué à la perte de savoirs qu’il faut réactiver. Cela souligne l’importance pour un agriculteur d’être impliqué dans des dynamiques collectives [...].

[...] l’étude montre le couplage entre les pratiques agroécologiques [...] et une valorisation marchande qui cherche le rapprochement avec l’utilisateur final. Ces initiatives sont aussi adossées à des systèmes de certification de la qualité [...].

M. Piraux et al (p.422-451)

[...] Les dispositifs territoriaux : des biens communs pour construire la transition agro-écologique

[...] Les limites de l'agriculture conventionnelle] sont devenues criantes : impacts négatifs sur l’environnement et ses équilibres (atteinte de la biodiversité, pollution des terres et des eaux...), qualité des aliments remise en question. En outre, les capitaux et les revenus sont toujours plus concentrés et ne permettent pas la réduction de la pauvreté (Griffon, 2006) [...].

[...] Ainsi, l’agroécologie doit se concevoir au-delà des seuls changements techniques, des limites spatiales du champ et des exploitations et des sphères sectorielles, des filières ou des catégories d’agriculteurs (Petersen et al., 2012) [...].

[...] Le dispositif décide ainsi de règles d’appropriation, de l’usage des ressources et des espaces, mais aussi définit les conditions de consolidation économique, sociale et politique de la transition agroécologique [...].

[...] La transition agroécologique est un processus complexe qui implique des changements techniques, sociaux et institutionnels. Parce que cette transition mobilise une diversité d’acteurs et de groupes sociaux à plusieurs échelles, parce que les changements techniques concernent en premier lieu les exploitations agricoles, mais avec des impacts ressentis à d’autres échelles parce que des filières entières sont concernées, les actions collectives et publiques ancrées dans les territoires ruraux doivent se renforcer. C’est l’objectif des dispositifs territoriaux qui tiennent une place prépondérante dans l’échiquier de la transition agroécologique [...].

JF Le Coq et al (p.451-472)

Politiques publiques d’appui à l’agroécologie en Amérique latine : leçons et perspectives

[...] Toutefois, des perspectives favorables à la transition agroécologique sont ouvertes avec, d’une part, la reconnaissance croissante de l’agro-écologie comme une forme concrète d’alternative possible en termes de durabilité et de résilience face aux défis qui affecteront l’humanité et la planète, et avec d’autre part, la demande croissante des marchés locaux pour des produits issus de modèles alternatifs de production [...].

FX Cote et al (p.472-509)

Transition agroécologique des agricultures des pays du Sud : retours d’expériences et perspectives

[...] Aujourd’hui, toutes les agricultures du monde sont appelées à s’adapter pour faire face aux demandes sociales, aux enjeux environnementaux, aux dérèglements climatiques [...].

[...] Depuis plusieurs décennies, de nombreux modes de production alternatifs ont été proposés [...]. Certains (agriculture biologique, agriculture de conservation, agroforesterie, intensification écologique...) ont en commun et à des degrés divers l’optimisation des processus biologiques et écologiques de régulation, la gestion sobre des ressources et la gestion durable des cycles de nutriments. Ils peuvent être considérés comme des systèmes agro-écologiques ou des déclinaisons de ceux-ci. Ils visent ainsi à assurer la production agricole mais également la durabilité environnementale, et à contribuer à une nutrition saine et diversifiée [...].

[...] chaque société rurale a une dynamique propre et les choix qu’elle fait en matière de mode de productions ou de structuration de filières ont des impacts environnementaux, économiques et sociaux spécifiques. En conséquence, l’agro-écologie ne peut pas être promue comme un modèle unique à suivre, mais plutôt comme un processus de transformation, opérant dans une situation à chaque fois spécifique et selon une multitude de trajectoires possibles [...].

[...] L’agroécologie repose dans ses principes fondateurs sur la gestion de processus écologiques pour produire des services environnementaux, mais implique aussi souvent une dimension sociale et politique dans la transformation des modes de production, et plus largement des systèmes alimentaires globaux. [...].

[...] le Comité des Nations Unies pour la sécurité alimentaire mondiale (HLPE, 2016) a défini les trois piliers :

  • améliorer l'efficacité des ressources de production, des ressources naturelles et de l'environnement ;
  • renforcer la résilience des systèmes (capacité à réagir et à s'adapter aux chocs) ;
  • assurer l’équité et la responsabilité sociale

 

Elements de synthèse

[...] Deux leviers sont identifiés :

  • mobilisation de la biodiversité fonctionnelle

    • améliorer les performances des systèmes
    • réguler les attaques des bioagresseurs
    • réduire l’utilisation des pesticides
    • maintien de l’efficience d’utilisation des ressources naturelles (eau, énergie, sols...) et la gestion des cycles biogéochimiques (pour diminuer les risques d’eutrophisation des eaux

  • stratégies des acteurs

    • économiques (systèmes alimentaires, etc)
    • politiques (action publique, certifications, etc)

 [...].

 

[...] la fermeture des grands cycles

éviter le gaspillage de nutriments, de matière organique et d’énergie, de même que des problèmes de pollution de l’eau et de l’air, et des émissions de gaz à effet de serre :

  • fixation biologique d’azote, stockage de carbone et de nutriments dans la matière organique des sols, recyclage et valorisation des engrais de ferme, combinaison des systèmes de culture et d’élevage, sélection des races animales et des variétés végétales sur leur efficience de capture et de valorisation des ressources, rotations et itinéraires techniques des cultures et des variétés végétales sur leur efficience de capture et de valorisation des ressources, rotations et itinéraires techniques des cultures favorisant une synchronisation de la disponibilité et de la demande par les plantes
 [...].

 

[...] Les mosaïques paysagères

  • par exemple, les dispositifs enherbés et les haies permettent de gérer l'eau et les sols, de limiter les flux de nutriments et de pesticides vers le milieu naturel, de contrôler les bioagresseurs, les organismes auxiliaires régulateurs, les insectes pollinisateurs
 [...].

 

 

 

 

glossaire de l'agroécologie

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Historique de la naissance des Systèmes de culture sur converture vive (SCV)

Source : C.Freud

En 2003, les grands pays leaders en matière de semis direct étaient :

  • les États-Unis (22 millions d’ha, 20 % de la surface semée),
  • le Brésil (18 millions d’ha, 45 %),
  • l’Argentine (13 millions d’ha, 50 %),
  • l’Australie (9 millions d’ha, 35 %).

Ces 4 pays cumulaient 62 millions d’hectares en semis direct pour un total de 70 millions dans le monde.

Aux USA, mais aussi au Brésil et ailleurs, la principale raison de cet engouement est la lutte contre l'érosion due à la sécheresse et à la pluie.

Dans les années 30 aux USA, le labour commença à être mis en cause et dans les années 40 les Universités du Nebraska, du Kansas, de l'Oklahoma et du Texas et l'USDA élaborèrent un vaste programme de "stuble mulch farming" (culture sur paillis) (aujourd'hui "mulch tillage") (couverture végétale)

Des machines furent mises au point, qui coupaient les racines de mauvaises herbes (un peu comme le TCS10 aujourd'hui). Dans les années 1950 ce fut les herbicides et dans les années 1960, le SCV.

À partir des années 1920 et surtout 1930, les sols se dégradèrent beaucoup plus vite. L'apparition des tracteurs qui permit d’aller plus vite, sur des superficies plus grandes, et de passer et repasser plus souvent avec des engins de plus en plus lourds sur les terres, fut une étape majeure d’évolution négative de la fertilité.

À partir des années 1970, l'amélioration des herbicides totaux et non résiduels (paraquat d'ICI et Glyphosate de Monsanto) aida beaucoup à résoudre le problème, mais la question des résistances se posa ...

En 1973, Harry.M. Young et Shirley H. Phillips publièrent le "No till farming"11, premier ouvrage sur le semi-direct qui influença de nombreux agriculteurs et chercheurs, comme Miguel Altieri en doctorat à Berkeley (Californie) en 1979 et Stephen Gliessman en doctorat à l'U. de Santa-Cruz (Californie) en 1980.

 

 

 

Les premiers pionniers du Kentuky (USA)

Shirley H. Phillips (En savoir plus)

Shirley Phillips obtint ses diplômes au "College of Agriculture" de l'Université du Kentucky.

Il exerçait la fonction d'agent agricole associé, spécialiste d'État des grandes cultures et Directeur associé de la vulgarisation pendant son mandat à l'université.

Son premier travail de non-labour fut réalisé en collaboration avec l'agriculteur Harry Young Jr. et Reeves Davie, agents de vulgarisation agricole.

Jusqu'à ce qu'il découvre le champ de maïs non labouré et le programme de pulvérisation de Young, Phillips préconisait le travail du sol conventionnel et une préparation minutieuse du lit de semence12 . Mais en 1963, Phillips était devenu un inconditionnel du zéro-labour.

Il a déclenché une révolution parmi ses collègues du Département d'Agronomie de l'Université du Kentucky.

Mais celle-ci devint le leader mondial de la recherche sur les cultures sans labour.

La première conférence mondiale sur le zéro-labour au monde s'est tenue au Kentucky, grâce à ses efforts.

 

Harry Young Jr † (En savoir plus)

Harry Young Jr. † fut un pionnier du mouvement zéro-labour : il planta la première parcelle commerciale (0,7 acre) en 1962 chez un planteur de tabac.

Innover dans le zéro-labour pour son propre bénéfice ne suffisait pas à Young. Il passa un temps incroyable à aider à faire connaître les avantages du zéro-labour et à aider les autres à comprendre les techniques pour réussir sur leurs propres fermes.

Young co-écrivit deux manuels sur l'agriculture sans labour, il fit produire 3 films sur ses techniques agricoles, parcourut le monde pour discuter de la pratique agricole et accueillit des milliers de visiteurs nationaux et internationaux dans sa ferme.

Il vit également l'intérêt du maïs sans labour et du couplage blé-soja permettant deux récoltes - une pratique courante dans les champs aujourd'hui.

Il obtint son diplôme de l'Université du Kentucky en 1941 et un doctorat honorifique en 1976.

Il travailla pendant 8 ans comme agent de terrain pour la gestion agricole pour le "Cooperative Extension Service" de l'Université du Kentucky avant de retourner dans sa ferme à plein temps en 1954.

Young reçut de nombreux prix et distinctions pour son travail.

La ferme familiale est aujourd'hui exploitée par son fils, John, et son petit-fils, Alexander qui reprirent les idées de leur père et grand-père. En 2022, l'exploitation connaîtra sa 60e saison en semis direct continu. Ce fut sa plus belle récompense !

 

 

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Le développement de l'agroécologie en Amérique latine

Pionniers en Amérique latine (Mexique, Costa-Rica, Colombie, Chili, Argentine)

Miguel Altieri - (En savoir plus)

Il naquit en 1950 à Santiago du Chili.

En 1974 il étudia l'Agronomie à l'Université du Chili. En 1976 il suivit les cours de Master à l'Université Nationale de Colombie. En 1979 il soutient sa thèse de Doctorat à l'Université de Californie - Berkeley.

En 1981 il fut nommé Professeur et il fut identifié comme l'un des scientifiques les plus prestigieux au niveau international dans le domaine de l'agroécologie.

Enfin il devint Professeur honoraire à l'Université de la Frontière à Temuco (Chili). Il étudia et souligna l'importance de la diversité et de l'interaction biologique au sein des systèmes agroécologiques.

Ses recherches constantes et son intérêt à interagir et collaborer avec des chercheurs du monde entier firent de lui l'auteur de plus de 150 articles scientifiques et de vulgarisation publiés dans des revues prestigieuses, de plus de 40 chapitres de livres et de 38 livres.

Concerné par la souveraineté alimentaire à partir de l'approche agroécologique, en 1989, il fut conseiller et coordinateur du Consortium latino-américain pour l'agroécologie et le développement (CLADES)

En 1993, il reçut le poste de coordinateur général du Réseau d'agriculture durable et de vulgarisation du Programme des Nations Unies pour le développement (SANE-PNUD).

En 1996, il assuma le poste de président du Comité du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) et en 2007, il fonda la Société scientifique latino-américaine d'agroécologie (SOCLA).

En 2011, il conseilla le programme Systèmes Patrimoniaux Agricoles (SIPAM).

Pour sa carrière dans la recherche scientifique dans le domaine de l'écologie, ses contributions dans la pratique de la conservation de la biodiversité, la gestion durable des ressources naturelles et la gestion de l'environnement, il reçut en 2018 la reconnaissance "Efraín Hernández Xolocotzi" par l'Université de Guadalajara, Mexique et le prix "Earth Hall of Fame" dans la ville de Kyoto, au Japon, pour sa contribution académique à la protection de la planète.

 

Stephen R Gliessman - (En savoir plus)

Né en 1946 à San Francisco.

En 1968 il visita le Costa Rica où il prépara sa thèse. 1972 il devint professeur et il fut invité par l'OTS. Il déménagea alors au Costa Rica.

Il donna également des cours au Mexique à Guadalajara et en 1976 toujours au Mexique au CSAT à Tabasco.

En 1980 il revint aux USA, à l'Université de Californie - Santa-Cruz.

En 1996 il publia la première édition de son livre "Agroecología - Procesos Ecologicos en Agricultura Sostenible" qui reçut beaucoup d'éloges.

Depuis 2008, il devint Rédacteur en chef de la revue "Agroecologie et systèmes alimentaires".

En 2012 il prit sa retraite mais travailla encore avec la FAO et l'IPES (Groupe international d'experts sur les systèmes alimentaires durables). Il participa à des séminaires, des ateliers et donna des cours dans le monde entier.

Au Mexique il fut encore professeur d'écologie au CSAT. Le peu d'intérêt des étudiants pour l'écologie indépendante de l'agriculture mit en exergue la nécessité de regrouper les deux disciplines. C'est alors que le programme de maîtrise en agroécologie fut créé à la satisfaction de tous (Gliessman, 2013).

 

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L'aventure brésilienne

Source : C.Freud

En 1969, la Faculté d’Agronomie de l’Université Fédérale du Rio Grande do Sul importa, avec l’aide de l’USAID, un semoir américain conçus pour le semis direct de marque Buffalo.

Un hectare fut semé en sorgho (dans les pailles de blé de l’hiver précédent) à la station de recherche du Ministère de l’agriculture de Não-Me-Toque (région du Planalto Medio). Malheureusement le semoir fut détruit par un incendie, mettant fin prématurément à ces essais. Mais la dynamique était lancée.

 

Les pionniers du Brésil

 

 

La période allemande

En 1971 des essais démarrèrent à l’Institut Fédéral de Recherche Agronomique Méridional de Londrina, l’IPEAME (futur EMBRAPA-CNPSo), avec l’aide de la Coopération Technique Allemande (actuellement GIZ).

L’agronome Rolf Derpsch et un agriculteur brésilien, Herbert Bartz, tous deux d'origine allemande, installèrent des essais en vraie grandeur dans la propriété d'H. Bartz, la fazenda Renânia à Rolandia, au nord du Parana.

Très vite, les deux Brésiliens prirent contact avec les Américains Phillips et Young dont ils connaissaient les travaux.

Forts de leurs résultats, H. Bartz vint en Allemagne, en Grande Bretagne et aux USA, mais surtout en Angleterre où la firme ICI testait le Paraquat (herbicide total desséchant) qui avait donné de bons résultats aux USA. Il passa par le Kentuky et rapporta un semoir Allis-Chalmer (disque semeur et coutre rotatif) qui coupait proprement les pailles pour dégager un passage pour la culture principale et semait régulièrement le soja.

De retour à Rolandia, en 1972 il fut le premier à semer 200 ha de soja sur paille de blé, en semi-direct.

En 1972 et 1973, l'agronome Terry Wile de ICI démarra une recherche à Londrina et Ponta Grossa et bien sûr à Rolandia chez H. Bartz, mais aussi dans le Rio Grande et la région du Planalto medio.

En 1973, il y avait 1000 ha de semi direct au nord du Parana et 25 000 en 1975

Les semoirs furent améliorés et à partir de 1975 H.Bartz fut suivit par Manoel Henrique Pereira, Frank Dijkstra et Hans Peeten (à l'origine de la fondation ABC).

En 1977 ICI et la GIZ confient à Rolf Derpsch la tâche de lutter contre l'érosion par la voie agronomique (rotations, plantes de couverture, semis direct). En 1978 à Passo Fundo ICI et l'Embrapa-trigo signent un accord de partenariat pour travailler sur le machinisme.

 

 

 

Rolf Derpsch - (En savoir plus)

Né au Chili de parents allemands en 1937, Rolf W. Derpsch avait la double nationalité chilienne et allemande.

Entre 1955 et 1959, il étudia l'agronomie à l'Universidad de Chile à Santiago et à l'Instituto Superior de Agricultura Adolfo Matthei à Osorno, au Chili, et obtint en 1986 un M.Sc. diplôme de l'Université de Reading, Royaume-Uni.

En 1972 il rencontra un agriculteur, Herbert Bartz, un autre passionné qui cherchait à lutter contre l'érosion. Ils reconstituèrent 10 ans après eux un duo comparable à celui de Shirley Phillips (agronome) et Harry Young (agriculteur) qu'ils rencontrèrent.

Il travailla pour la GTZ, l'Agence allemande de coopération technique de 1966 à 2001. Entre 1977 et 1984, il fut chef d'équipe du projet de conservation des sols à l'Institut de recherche du Paraná, IAPAR, à Londrina, au Brésil. De 1993 à 2001, il devint conseiller principal du projet de conservation des sols MAG - GTZ, qui était une coentreprise entre le Ministère de l'Agriculture et de l'Élevage du Paraguay et la GTZ. Depuis septembre 2001, il est devenu consultant indépendant.

Il travailla au Paraguay, au Brésil, en Argentine, en Bolivie, au Chili, au Honduras, en Colombie, à Cuba, en Somalie, en Afrique du Sud, au Tadjikistan, en Corée du Nord, en Australie et en Allemagne.

principaux projets en dehors du Brésil et du Paraguay :

  • Bolivie, 1974, Wind erosion, (Kienbaum Unternehmensberatung)
  • Argentine, 1975, Feasibility Study, Misiones (GTZ)
  • Honduras, 1987, Food for Work, (SECPLAN/COOHAT).
  • Colombie, 1999, Proyecto Checua, Erosion Control (CAR/GTZ)
  • Cuba, 2001, Desertification Control, Rio Checua, CITMA
  • South Africa, 2003, Conservation Agriculture, FAO
  • Tajikistan, 2003, Conservation Agriculture, FAO
  • North Korea, 2004, Conservation Agriculture, FAO
  • Australia, 2005, Sustainable No-Tillage Systems, WANTFA

Il fut parmi les premiers à faire des recherches sur la technologie du zéro-labour au Brésil et en Amérique latine .

Herbert Bartz - (En savoir plus)

Né à Rio do Sul au Brésil, le 14 février 1937, fils d'immigrants allemands. Pendant la Seconde Guerre mondiale il connut la famine et survécut au terrible bombardement de Dresde, où il résidait en février 1945.

De retour au Brésil en 1960, il s'installa à Rolândia, à la Ferme Rhenânia, aux côtés de son père, Arnold, et de ses frères. Il devint agriculteur.

Il découvrit les difficultés auxquelles les agriculteurs étaient exposés : mauvaises récoltes, climat indomptable, pluies torrentielles, forte érosion. Les terres productives et fertiles entraînées dans les rivières.

Le point de basculement se situa en 1971, lorsqu'après une tempête, parapluie dans une main et lampe de poche dans l'autre, il vit sa terre dévaler la colline de façon incontrôlable. Il voyagea à l'étranger à la recherche de solutions et revint convaincu que la solution était de planter sans labourer ni herser. Le "No-Tillage" ou "No-Till" comme on dit aux États-Unis.

Herbert Bartz favorisait la production alimentaire, sans doute un vieux souvenir du rationnement vécu dans son enfance.

En 1972, il réalisa la première plantation à grande échelle sans labour. Les voisins ricanèrent en le prenant pour un fou. Mais Herbert Bartz n'abandonna jamais.

Il commença à partager largement son expérience et aida à diffuser le système de zéro-labour à ceux qui voulaient l'apprendre.

Avec les agriculteurs Franke Dijkstra et Manoel Henrique Pereira (Nonô), il trouva les compagnons parfaits pour un grand voyage éducatif à travers l'intérieur du Paraná et d'autres États brésiliens. Le trio convainquit de nombreux autres agriculteurs.

Bartz donna de nombreuses conférences au Brésil et dans les pays voisins. Un jour, face à l'incrédulité d'un de ses interlocuteurs qui affirmait que le non-labour ne permettait pas le décompactage du sol, il répondit : "je sais comment résoudre le problème du compactage du sol, mais je ne sais pas comment résoudre le compactage du cerveau."

Il trouva des alliés dans les milieux universitaires lorsque des recherches cohérentes sur le non-labour ont commencé à être publiées. Sans avoir fait d'études supérieures, il enseigna dans les cours d'agronomie, notamment à l'Université d'État de Londrina (UEL).

Il est décédé en 2021 à l'issue d'une vie trépidante et bien remplie

 

 

 

La relève

Dans les années 1982, le zéro-labour n'était plus un épiphénomène, les surfaces cultivées en semi-direct augmentaient grâce aux accords entre les associations d'agriculteurs, la recherche, le développement et le secteur privé.

En 1993 la synergie marchait bien, les surfaces augmentaient de plus d'1 million d'ha par an sur un total de 17 millions en 2001.

Les fondations aussi étaient actives, elles créaient des associations et des coopératives mettant en œuvre des programmes de recherche, d’assistance technique et de formation.

Par exemple ABC a créa la "Colonia Castrolânda" regroupant des immigrants hollandais. Les coopératives fondées par ABC représentaient 300 000 ha de semi-direct.

Les formations diplômantes étaient assurées par les Facultés d’agronomie des Universités (Fédérales ou d’État), dont certaines étaient réputées (Londrina, Ponta Grossa, Uberlândia, São Paulo, Rio Grande do Sul, etc.).

Des initiatives émergeaint de partout :

John Landers (ingénieur agronome) produisit en 1976 des semences fourragères pour le compte de Shell avec plus ou moins de succés au début.

En 1992, il créa l'association des producteurs en semi-direct qui comptait 8000 sociétaires.

Aujourd'hui il enseigne le semis direct à l’École Supérieure des Sciences Agraires de Rio Verde, qui dépend de l’Université de Goiás.

Munefume Matsubara travailla dans les Cerrados, terres acides qu'il fallait amender avec du calcaire et du Phosphore. Mais les rendements baissaient dès la troisième année.

Lucien Séguy en 1986 conseilla de décompacter avec des griffes plutôt que des disques, il associa le soja et le chiendent. Il préconisa une association Mil-Maïs pour créer de la matière organique : les rendements en soja ont alors augmenté de 10 à 15% !

Dès lors, Munefume Matsubara ouvrit sa fazinda à l'équipe de L. Séguy et finança même une bonne partie de ses travaux !

Joao Carlos de Moraes Sà dit Juca travailla avec Lucien Séguy et Hubert Charpentier sur la séquestration du carbone dans le sol. Depuis 1981, il était professeur-associé à l'Université d'Estadual de Maringà et travailla sur la dynamique du carbone dans le sol. Il devint professeur agrégé au Département des sciences du sol et de génie agricole de l'Université d'État de Ponta Grossa.

 

 

 

Hans Peeten - (En savoir plus)

Hans Peeten, né dans les années 1950 aux Pays-Bas. Il arriva au Brésil en 1977. Il fut l'un des plus importants partisans du développement du semis direct dans la région Campos Gerais do Paraná et, par extension, au Brésil.

Il comprit en effet de suite que les techniques employées par les agriculteurs locaux (en particulier Nonô Pereira et Franck Djkstra) qui semaient sans labour sur couvert végétal pouvaient être une solution aux graves problèmes d'érosion des sols de la région

Avec son collaborateur Josué nelson Pevei ils entreprirent d'installer des dispositifs expérimentaux pour définir les limites du système. C'était le début au Brésil du zéro-labour et de la culture sous couvert végétal qui est devenue populaire dans tout le pays. Il revint au Nederland en 1990

Lucien Seguy † - (En savoir plus)

De 1967 à 1969 l'IRAT-CIRAD l'affecta à Bambey au Sénégal. Il créa une carte pédologique et mit au point des techniques de culture attelée dans les rizières de Casamance.

En 1969 il fut affecté à Dschang au Cameroun. Dans la plaine des Mbos il selectionna des riz irrigués et pluviaux. Il procéda à l'analyse des interactions génotypes et environnement soulignant l’influence majeure de la fertilité des sols sur les attaques de pyriculariose.

En 1977 il fut affecté à l'Embrapa/Maranhão

De 1977 à 1982 il cultiva du riz pluvial chez des petits paysans qui pratiquaient le défrichage-brûlis et qu'il compara à la culture attelée. Il dut abandonner à cause des phénomènes d'érosion. Il poursuivit la selection de variétés de riz

1982 il fut affecté à l'Embrapa-CNPAF de Goiânia (Cerrado du centre-ouest(Mato Grosso et Goiás)) . C'était une région de Fronts pionniers, mais les sols étaient latéritiques acides impossibles à cultiver en agriculture conventionnelle à cause de l'érosion.

Séguy mobilisa toutes ses compétences pour arriver à produire dans ces conditions mais c'est sa rencontre en 1984 dans le Campos Gerais avec Hans Peeten, son collègue Josué nelson Pavei et les agriculteurs Nonô Pereira et Franck Dijkstra, pionniers du semi-direct dans cette région qui sera déterminante.

En 1985 un producteur du Mato Grosso, Munefumi Matsubara lui fit confiance et lui fournit terrain et financement de ses travaux. Pendant 5 ans les dispositifs en semi-direct furent plus productifs et rentables que les systèmes conventionnels tandis que la matière organique augmentait de 20%. A partir d'un sol régénéré, Séguy put travailler les rotations des cultures, les plantes de couverture et affiner la méthode. En 2000, les SCV couvraient des millions d'ha dans les régions du Mato Grosso, de Goias, ,Tocantin, Maranhão, Piauï, etc.

A partir de 1984, Séguy profita des implantations du CIRAD dans de nombreux pays tropicaux d’Afrique, d’Asie du Sud-Est et Madagascar, île continent aux innombrables écosystèmes tropicaux. Les financements de l'AFD lui permirent ensuite de travailler en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Cameroun, au Sénégal, en Tunisie, au Vietnam, au Laos, au Cambodge... permettant de décliner les principes des SCV comme pratiques adaptées aux conditions sociales des agricultures familiales parmi les plus démunies de la planète.

Avec le Professeur João Carlos Sá, de l’université de Ponta Grossa (Parana, Brésil), ils organisèrent entre 2006 et 2011, six éditions d’une formation internationale sur les SCV.

Au sud du Brésil, dans les États de Santa-Catarina et du Rio Grande do Sul, il travailla avec de jeunes agronomes brésiliens à la conception et à la diffusion sur des centaines de milliers d’hectares, des couverts multifonctionnels à base de mélanges complexes composés de dix espèces et plus.

Il fut invité en 2009 en Argentine et en Uruguay par un agriculteur, Jean Waymel, avec qui il développa des SCV diversifiés intégrant le semis à la volée sur couvert végétal.

Il impulsa également, dès le milieu des années 1990, des échanges avec quelques agriculteurs français, en métropole et plus tard dans des départements et territoires d’outre-mer (Réunion, Antilles, Nouvelle-Calédonie).

Les insecticides ne sont plus nécessaires, les fongicides sont utilisés ponctuellement et les herbicides à dose faible. Les systèmes SCV ont réduit de 39% les charges en intrants et en carburant. Il forma des générations de chercheurs, d'agronomes et d'agriculteurs qui poursuivent aujourd'hui son action.

 

Dev de l'agro-écologie en Amérique latine

 

glossaire de l'agroécologie

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Conclusions

La "révolution verte" était une réponse à l'accroissement considérable de la population mondiale qui est passée de 3 à 6 milliards au cours du xxe siècle et la faim dans le monde.

Des variétés hautement productrices furent sélectionnées, la mécanisation simplifia le travail des agriculteurs qui purent agrandir considérablement les surfaces agricoles productrices, les charrues ont été améliorées et des engins multi-socs ont vu le jour, des tracteurs de plus en plus puissants ont été construits.

L'industrie chimique fournit des engrais améliorant le chaulage, l'apport d'ammonitrate et de compositions NPK complètes augmentant la productivité des cultures. Des fongicides et insecticides de plus en plus sophistiqués ciblant des fonctions précises des organismes (champignons et insectes) et ayant un mode d'action de contact ou systémiques (qui circulent à l'intérieur de la plante) furent mis sur le marché. Enfin les herbicides se sont substitués au désherbage mécanique facilitant encore le travail de l'agriculteur.

D'un point de vue politique, des subventions furent versées et des crédits octroyés aux agriculteurs pour acheter du matériel et développer leur exploitation.

Les objectifs furent atteints (par exemple le rendement du blé en France passa de 20 à 80 quintaux/ha en quelques dizaines d'années. Les rendements augmentèrent considérablement jusqu'à parfois être en surproductions.

Le remembrement et l'arrachage des haies permirent au matériel d'être plus efficace mais les grandes surfaces labourées ont été exposées à l'érosion, soit par le vent soit par la pluie. La Matière organique de l'humus disparut comme la biodiversité animale et végétale. Alors il fallut augmenter la quantité d'intrants et les exploitants surendettés ne purent suivre. D'années en années, les sols labourés produisirent de moins en moins, la pollution de l'eau et de l'alimentation était de plus en plus grave. Un changement de comportement devenait indispensable.

 

Aux États-Unis , en Amérique latine et maintenant partout dans le monde, des chercheurs et des agriculteurs plantèrent des couvertures végétales pour arrêter l'érosion

Ils ajoutèrent ainsi de la biomasse pour augmenter la quantité de carbone dans le sol et reconstituer la couche d'humus. La vie (champignons, bactéries, vers de terre, etc) revint dans les couches superficielles du sol (5 à 10 cm), l'eau resta en surface au lieu de lessiver les éléments minéraux et organiques. En fait la fertilité était restaurée

Ils plantèrent alors sous la protection des plantes de couverture (mortes ou vives), que ce soit du soja, du blé, etc. La fertilité du sol étant restaurée, en particulier par les légumineuses mobilisant de l'azote et les bactéries minéralisant le phosphore et le potassium ils purent réduire les épandages d'engrais.

Les insectes et champignons parasites étaient contrôlés par leurs antagonistes naturels (d'où réduction des pesticides)

C'était l'avènement de la partie agronomique de l'agroécologie.

 

Les piliers du développement durable sont : l'économie , la sociologie, l'environnement et la politique qui doit articuler l'ensemble.

  • Economie

    Si le zéro-labour imposa, c'est d'abord parce qu'il était rentable, moins de charges de structure (main-d'œuvre, matériel et intrants), rendements identiques ou supérieur.

    L'agriculteur pouvait vivre de son travail et n'etait pas ou peu endetté, donc il eut un rôle actif à jouer dans le fonctionnement des filières : il avait les moyens de discuter avec les acheteurs puisqu'ils n'était plus obligé d'accepter ce qu'on lui proposait !

  • Social

    L'agroécologie apporta une liberté à l'agriculteur qui parmi une multitude d'itinéraires techniques dut définir des stratégies de culture adaptées au comportement de son sol, de son environnement et de son mode de vie.

    l'intérêt de ce type de pratique devrait attirer des jeunes donc fixer les populations des villages

    l'agriculteur devint maître de la gestion des paysages et de son territoire.

  • Écologie - Environnement

    La forte réduction des intrants et de la consommation des énergies fossiles, la protection des sols, la fixation du carbone, de l'azote, et des éléments minéralisés, la gestion de l'eau sont autant d'éléments de lutte contre le changement climatique.

    La reconstitution des haies et la couverture des sols sont favorables au retour d'une biodiversité favorable aux cultures mais aussi à l'environnement en général. Les insectes pollinisateurs et les organismes régulateurs en particulier devraient revenir s'installer.

  • Politique

    Les politiques ont la capacité d'orienter le choix des consommateurs vers une nourriture saine et suffisante, par des certifications judicieuses.

    Ils peuvent orienter les emplois des jeunes dans les campagnes en équipant les villages et en développant les infrastructures, numériques en particulier.

    la législation peut être orientée vers un liberté des choix des professionnels (possibilité d'acheter des semences où ils le veulent par exemple)

 

 

 

Michel Partiot Académie du Morvan ‑  juin 2023

 

Remerciements

  • Comment ne pas avoir une pensée pour ces pionniers de l'agroécologie qu'étaient Hubert Charpentier †, Pierre Rabhi † et Lucien Seguy † qui se sont dépensé sans compter pour ce en quoi ils croyaient. Aujourd'hui la science agricole leur a donné raison !
  • Merci à Olivier Husson pour la documentation qu'il nous a fournie sur la partie agronomique de l'agroécologie et François-Xavier Côte pour son intéressant florilège de compétences sur l'aspect plus économique et sociale du sujet.
  • Enfin merci aux collègues rencontrés sous toutes les latitudes et qui m'ont aidé à comprendre la transition agroécologique.

 

Sigles et acronymes

Sommaire
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Bibliographie

 

Documentation numérique

 

 

Notes

  1. une greille : appelée aussi "beursaude", c'était une tranche de lard grillée
  2. des treuffes : des pommes de terre
  3. le labour :  → Schéma de principe du labour  …
  4. un coutre : pièce de fer verticale d'une charrue qui fend le sol (muraille) avant l'intervention de la la rasette, du soc et du versoir
  5. une rasette : pièce de charrue destinée à découper une bande superficielle et la projeter au fond du sillon avant le retournement.
  6. La FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture crées le 16 octobre 1945
  7. Sélection génétique au Sud - mobilisation des chercheurs du Sud
  8. champignons aérobiques : champignon ayant besoin d'oxygène pour vivre
  9. Formation à l'agroécologie : En 2020, H.Charpentier avait été contacté par le nouveau Maire de Montreuillon (son ancien collègue du Cirad, Michel Partiot). Il était prêt à intervenir gratuitement sitôt le confinement Covid terminé, sous la seule condition que les agriculteurs créent un groupement paysan. Cela n'a pas été possible à Montreuillon.
  10. efficience : (du latin efficientia, effet)désigne le rapport entre les résultats obtenus et les ressources utilisées pour atteindre ces résultats .
  11. efficacité : obtenir tous ses objectifs mais peu importe les ressources mises en oeuvre pour cela.
  12. TCS : Techniques culturales simplifiées
  13. No till farming : agriculture sans labour
  14. lit de semence : après labour, une herse est passée pour casser les mottes et regulariser le sol pour créer des conditions permettant une levée rapide et uniforme des graines
  15. Une approche holistique : Selon Emile Durkeim, il s'agit de prendre en compte l'être humain dans sa globalité, ses dimensions physique, mentale, émotionnelle, familiale, sociale, culturelle, spirituelle.
  16. Olivier de Serres (1539 - 1619) : considéré comme le père de l'agronomie. Il fut le premier à travailler à la rotation des culture et comprendre pourquoi, le remplacement de la vaine pature par des cultures fourragères était préférable. Il promut de nouvelles cultures (le maïs, le houblon, la betterave, , la garance, le safran, le coton, les agrumes, le tabac, la tulippe et riz et la pomme de terre, ...)
  17. agroécologie : Le terme a été publié pour la première fois en 1928 par un agronome américain Basil Bensin. Le concept a évolué ensuite dans les années 1960, 1970 et 1980 pour être réellement étudié dans un système global à partir des années 1990 (agricole, agronomique, économique, environnemental, sociale et sociétaire)

 

 

 

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