JM Sourisseau et al (p.257-285)
Les moteurs du développement de l’agroécologie en Afrique subsaharienne : illustration sur les Hautes Terres malgaches
[...] l’agroécologie peut être repensée comme la recherche d’un équilibre dans la gestion d’un ensemble de ressources.
Elle suppose la remise en cause, voire la déconstruction, des connaissances et des pratiques agricoles et alimentaires à la base de notre représentation du modèle de développement agricole [...].
Malézieux et al (p.286-312)
Des processus de régulation naturelle à l'innovation technique, quelles solutions agroécologiques pour les agricultures du Sud
[...] Dans le domaine de l’agroécologie, l’innovation exige souvent l’appropriation durable et la mobilisation par les agriculteurs de connaissances à la fois scientifiques et locales sur des processus parfois complexes [...]
F.Affholder et al (p.313-343)
Évaluation des compromis entre enjeux environnementaux et socio-économiques dans les systèmes agroécologiques
[...] Le concept de développement durable tel que proposé en 1987 par l’ONU dans son rapport "Notre avenir à tous" met en exergue la notion de solidarité inter et intragénérationnelle, en affirmant que le "développement durable doit permettre de satisfaire les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des générations futures" (rapport Bruntland, WCED, 1987) [...].
[...] Il en résulte la nécessité de prendre en compte les dimensions sociale, environnementale et économique des activités humaines ("People, Planet, Profit", cf. Elkington, 1997) [...].
[...] Dans le cas des agricultures pauvres des pays du Sud, l’enjeu est[...]d'identifier des trajectoires qui n’ajoutent pas simplement au fardeau de la pauvreté une injonction à préserver l’environnement [...].
[...] Car si ceux-ci y sont maintenus, [des millions de ruraux] emprunteront bientôt en nombre encore plus grand qu’aujourd’hui les routes des migrations internationales, avec dans les démocraties riches qu’elles atteignent, des impacts sociaux majeurs allant jusqu’à la régression de certains principes démocratiques [...].
E. Torquebiau et al (p.344-359)
Agroécologie et changement climatique : des liens intimes et porteurs d’espoir
[...] Les exemples d’impact du changement climatique sur l’agriculture abondent : saisonnalité irrégulière, précipitations décalées dans le temps ou réparties différemment, évènements extrêmes, températures modifiant les dates des récoltes, bioagresseurs plus actifs, etc. [...]
[...] Les impacts sont variés et joueront aussi bien sur les rendements (Roudier et al., 2011) que sur la qualité nutritive des produits de récolte. Myers et al. (2014) prévoient ainsi pour le blé et le riz une baisse significative de la teneur en protéines, en zinc et en fer, due à une augmentation de la concentration en carbone atmosphérique [...].
[...] La diversité des pratiques de l’agro-écologie permet [...] d’améliorer la résilience aux futurs changements climatiques [...].
[...] par exemple, les techniques de conservation de l’eau permettent aux cultures de mieux faire face à un déficit pluviométrique imprévu (absorption) ; la diversité variétale à disposition de l’agriculteur lui permet de choisir avant la saison culturale quelles seront les variétés optimales à planter (en anticipant les variations à moyen terme) ; la diversité des variétés et des cultures et leur couplage avec l’élevage donnent à un agrosystème une capacité de transformation qui lui permet de survivre aux grands changements de long terme tels que ceux modélisés par les scénarios du changement climatique [...].
C. Cerdan et al (p.392-422)
Quelles dynamiques marchandes pour promouvoir la transition agroécologique ?
[...] pour faire de la production agroécologique ou de la production biologique, l’agriculteur devra s’impliquer dans des processus d’apprentissage et d’expérimentation qu’il conduira de façon individuelle et/ou collective [...].
[...] Mobiliser les processus agroécologiques dans son système de production requiert de nouveaux savoirs, le sens de l’observation, une certaine sensibilité à son environnement mais aussi d’établir de nouvelles relations marchandes avec les consommateurs [...].
[...] il n’est pas facile de faire le pas pour changer de systèmes ! Il arrive que les agriculteurs modifient totalement leur système de production (à l’exemple des producteurs de tabac qui s’orientent vers la production maraîchère au Brésil). Les années de spécialisation ont contribué à la perte de savoirs qu’il faut réactiver. Cela souligne l’importance pour un agriculteur d’être impliqué dans des dynamiques collectives [...].
[...] l’étude montre le couplage entre les pratiques agroécologiques [...] et une valorisation marchande qui cherche le rapprochement avec l’utilisateur final. Ces initiatives sont aussi adossées à des systèmes de certification de la qualité [...].
M. Piraux et al (p.422-451)
[...] Les dispositifs territoriaux : des biens communs pour construire la transition agro-écologique
[...] Les limites de l'agriculture conventionnelle] sont devenues criantes : impacts négatifs sur l’environnement et ses équilibres (atteinte de la biodiversité, pollution des terres et des eaux...), qualité des aliments remise en question. En outre, les capitaux et les revenus sont toujours plus concentrés et ne permettent pas la réduction de la pauvreté (Griffon, 2006) [...].
[...] Ainsi, l’agroécologie doit se concevoir au-delà des seuls changements techniques, des limites spatiales du champ et des exploitations et des sphères sectorielles, des filières ou des catégories d’agriculteurs (Petersen et al., 2012) [...].
[...] Le dispositif décide ainsi de règles d’appropriation, de l’usage des ressources et des espaces, mais aussi définit les conditions de consolidation économique, sociale et politique de la transition agroécologique [...].
[...] La transition agroécologique est un processus complexe qui implique des changements techniques, sociaux et institutionnels. Parce que cette transition mobilise une diversité d’acteurs et de groupes sociaux à plusieurs échelles, parce que les changements techniques concernent en premier lieu les exploitations agricoles, mais avec des impacts ressentis à d’autres échelles parce que des filières entières sont concernées, les actions collectives et publiques ancrées dans les territoires ruraux doivent se renforcer. C’est l’objectif des dispositifs territoriaux qui tiennent une place prépondérante dans l’échiquier de la transition agroécologique [...].
JF Le Coq et al (p.451-472)
Politiques publiques d’appui à l’agroécologie en Amérique latine : leçons et perspectives
[...] Toutefois, des perspectives favorables à la transition agroécologique sont ouvertes avec, d’une part, la reconnaissance croissante de l’agro-écologie comme une forme concrète d’alternative possible en termes de durabilité et de résilience face aux défis qui affecteront l’humanité et la planète, et avec d’autre part, la demande croissante des marchés locaux pour des produits issus de modèles alternatifs de production [...].
FX Cote et al (p.472-509)
Transition agroécologique des agricultures des pays du Sud : retours d’expériences et perspectives
[...] Aujourd’hui, toutes les agricultures du monde sont appelées à s’adapter pour faire face aux demandes sociales, aux enjeux environnementaux, aux dérèglements climatiques [...].
[...] Depuis plusieurs décennies, de nombreux modes de production alternatifs ont été proposés [...]. Certains (agriculture biologique, agriculture de conservation, agroforesterie, intensification écologique...) ont en commun et à des degrés divers l’optimisation des processus biologiques et écologiques de régulation, la gestion sobre des ressources et la gestion durable des cycles de nutriments. Ils peuvent être considérés comme des systèmes agro-écologiques ou des déclinaisons de ceux-ci. Ils visent ainsi à assurer la production agricole mais également la durabilité environnementale, et à contribuer à une nutrition saine et diversifiée [...].
[...] chaque société rurale a une dynamique propre et les choix qu’elle fait en matière de mode de productions ou de structuration de filières ont des impacts environnementaux, économiques et sociaux spécifiques. En conséquence, l’agro-écologie ne peut pas être promue comme un modèle unique à suivre, mais plutôt comme un processus de transformation, opérant dans une situation à chaque fois spécifique et selon une multitude de trajectoires possibles [...].
[...] L’agroécologie repose dans ses principes fondateurs sur la gestion de processus écologiques pour produire des services environnementaux, mais implique aussi souvent une dimension sociale et politique dans la transformation des modes de production, et plus largement des systèmes alimentaires globaux. [...].
[...] le Comité des Nations Unies pour la sécurité alimentaire mondiale (HLPE, 2016) a défini les trois piliers :
- améliorer l'efficacité des ressources de production, des ressources naturelles et de l'environnement ;
- renforcer la résilience des systèmes (capacité à réagir et à s'adapter aux chocs) ;
- assurer l’équité et la responsabilité sociale
Elements de synthèse
[...] Deux leviers sont identifiés :
[...].
[...] la fermeture des grands cycles
éviter le gaspillage de nutriments, de matière organique et d’énergie, de même que des problèmes de pollution de l’eau et de l’air, et des émissions de gaz à effet de serre :
- fixation biologique d’azote, stockage de carbone et de nutriments dans la matière organique des sols, recyclage et valorisation des engrais de ferme, combinaison des systèmes de culture et d’élevage, sélection des races animales et des variétés végétales sur leur efficience de capture et de valorisation des ressources, rotations et itinéraires techniques des cultures et des variétés végétales sur leur efficience de capture et de valorisation des ressources, rotations et itinéraires techniques des cultures favorisant une synchronisation de la disponibilité et de la demande par les plantes
[...].
[...] Les mosaïques paysagères
- par exemple, les dispositifs enherbés et les haies permettent de gérer l'eau et les sols, de limiter les flux de nutriments et de pesticides vers le milieu naturel, de contrôler les bioagresseurs, les organismes auxiliaires régulateurs, les insectes pollinisateurs
[...].