Les limites de la révolution verte
Les rendements plafonnèrent voire à diminuèrent (salinisation des sols au Pendjab, augmentation nécessaire des intrants partout dans le monde, etc.). "Les rendements du Blé au Penjab passèrent de 2.96% dans les années 1980 à 1.96% dans les années 1990 (moyenne indienne : 3.2%)" - CED-2009- Pourquoi ?
- Sols labourés de plus en plus profondément car tassés par un matériel agricole de plus en plus lourd.
- Destruction de la structure de l'humus, de la faune et de la flore associée. Selon le réglage de la rasette *, la couche superficielle du sol qui contenait certes les résidus de récoltes et des "mauvaise herbes" mais aussi l'humus (d'épaisseur entre 5 et 10 cm) était enfoncée au plus profond du sillon.
- Habitats détruits, les champignons aérobiques* enfouis mouraient faute d'oxygène, leur mycélium était broyé, ils ne pouvait plus casser les gros débris et les bactéries dispersées n'assuraient plus leur rôle de minéralisateur : les chaines organiques et les débris végétaux fermentaient. La microflore et la microfaune remontées en surface étaient exposées au soleil et séchaient. Enfin les oiseaux se régalaient des vers de terre remontés par la charrue !
- Engrais chimiques et les pesticides utilisés à des doses de plus en plus importantes parce qu'ils créaient des résistances.
Les surplus et les produits de dégradation migraient dans les nappes phréatiques et les polluaient, sans profiter à la plante
- Enfin, Les sols nus furent lessivés et la moindre pente favorisa leur érosion.
En conclusion, les sols labourés sont biologiquement morts
Les conclusions furent simples : il fallait revenir à une vision écologique des systèmes (agroécologie et agroforesterie) qui produisaient autant que l'agriculture conventionnelle avec beaucoup moins de frais de structure et d'emprunts.
Il fut donc indispensable de reconstituer la biodiversité, réduire fortement voire abandonner l'usage des pesticides qui tuaient les parasites et les ravageurs visés, mais aussi leurs antagonistes qui limitaient dans la nature les populations pathogènes et étaient bénéfiques à la plante.
Les intrants chimiques pouvaient être remplacés en grande partie par l'action des plantes de couvertures (des légumineuses et plantes mycorhizées pour l'azote), des plantes à enracinement profond pour remonter en surface les éléments stockés en profondeur, etc.),
Il fallait protéger, le complexe bactéries-champignons qui créaient de l'humus tout en minéralisant les éléments grossiers et les vers de terre qui aéraient les horizons superficiels.
Enfin, le monde agricole était de plus en plus pauvre car entraîné dans une course au matériel et aux emprunts coûteux. Il fallait donc réduire en particulier les intrants et les frais de structure !
En fait, de toutes évidences il était urgent de changer de paradigme, observer la nature et l'imiter : c'est la définition de l'agroécologie et de l'agroforesterie !
* champignons aérobiques : champignon ayant besoin d'oxygène pour vivre
** rasette : pièce de la charrue formée d\'un petit soc et un petit versoir qui découpe une bande de terre en avant du corps principal