Tout commenca avec Pauline, la belle-fille de Léonard Girard, le garde-rivière . Celui qui arpenta pendant 30 ans les rives de l'Yonne et ses affluents. Il participa activement à l'aventure des "bois-volants" appelée dans les livres le flottage à bûches perdues C'est dire comme la rivière était devenue sa deuxième compagne !
Son fils, Claude Félix épousa Pauline, de son vrai nom Magdelaine Royer qui lui donna trois fils : Auguste, Hubert et Victor (cf . généalogie).
Elle avait bien du mal à faire accepter à son mari que leurs enfants "perdent leur temps" avec les "Hussards Noirs"2 alors qu'il y avaient tant à faire à la boutique et à la ferme ! Mais elle avait le caractère fort des Royer et son mari avait dû s'y soumettre.
Car Pauline elle-même, paradoxe de l'époque, avait reçue une éducation raffinée et savait très correctement lire et écrire le Français. La fille de Jeanne et de Jules Royer, maçon et "petit-Paris"3 de surcroit, çela dut jaser dans les chaumières ...!
En effet, sa mère, Jeanne Coichot, avait été "nourrice sur lieu" chez le Comte de Béarn, qui ne supportait pas qu'on porte des sabots et parle le morvandiau à ses chères têtes blondes (et si en plus la ruralité était transmise par le lait, sait-on jamais ?).
Il exigait donc qu'elle remplace son "caraco to dret"4, par des vêtements "bienséants", porte des souliers et apprenne à lire et à écrire le Français. De plus, Pauline enfant eut alors la chance rare de suivre sa mère avec l'accord du Comte, qui était un brave homme, et de partager tout naturellement l'éduction de ses "frères de lait".
De retour à Montreuillon et prenant de l'âge, elle fit partie de ces morvandelles de caractère qui avaient compris bien avant leurs hommes que l'avenir passait par l'école5 et ce n'était pas, l'instituteur de Montreuillon qui allait la contredire.