Au sortir de l'IAD en 1968 ,Patrick Roegiers fut dans un premier temps acteur au théâtre royal des Galeries avec un contrat de 3 ans
Il fut également soutenu quelques temps par Jacques Huisman et engagé comme lecteur au théâtre National de Belgique (TNB).
Cependant dans le foisonnement d'idées des années 1970 en Belgique, il se sentait proche de la mouvance du "Jeune théâtre" représenté alors par le "théâtre du Parvis3 de Marc Liebens à Saint Gilles4.
Dans ce contexte, Patrick Roegiers, alors agé de 26 ans créa à Saint-Gilles son "théâtre provisoire". Il obtint des subventions qui lui permirent de vivre en libérant son imagination créatrice.
A cet âge, ce monde en bouillonnement lui appartenait, et dans les années 1970, tout était à réinventer.
Il accueillit à Bruxelles des amis français, Roland Topor5, ou Maurice Sinet6 le sulfureux dessinateur anarchiste.
Lui même mit en scène en 1979, la pièce "Pauvre B ..." qu'il fit jouer 250 fois dans toute la Belgique, bien que le thème soit peu apprécié des décideurs belges et pendant 3 mois au théatre Gérard Philipe de Saint Denis avec un accueil dithyrambique du public français !
Il pensait logique de considérer que des responsables intelligents soutiendraient malgré tout, ce brassage d'idées qui devait faire avancer la culture.
Mais il commençait à faire de l'ombre et bousculait les hiérarchies ... . En 1981 les subventions furent sèchement interrompues et le théâtre fermé par les huissiers.
Ce fut pour lui une blessure et une cicatrice indélébile ("Le 31 juillet 1983, deux ans après la suppression brutale, sans appel et sans soutien, de mon théâtre, j'ai quitté définitivement la Belgique, sans me retourner ni savoir ce que je deviendrais, mais en étant sûr au fond de moi que j'aurai un jour raison de mon histoire" écrivit il à St-Maur le 30 novembre 2002 à propos de "La lettre volée" - 1997).
Il s'expatria donc définitivement à Paris : il ne connaissait pas de demi-mesure !