Un millier de parisiens, auxquels se mêlent quelques "gardes-françaises" mutinés décident, dans la matinée du 14 juillet, de se rendre à la Bastille pour y trouver des canons et des fusils.
le Gouverneur de la place, Jordan de Launay, décide de ne pas défendre les bâtiments extérieurs, mais de renforcer la protection interne de la forteresse. En particulier, il fait mettre en batterie trois canons dans la cour intérieure braqués devant la porte d'entrée. Il ordonne de remonter le pont-levis.
Peu à peu, la Bastille est entourée. Deux anciens gardes-françaises, grimpés sur le toit du corps de garde jouxtant le pont-levis, attaquent à coup de haches les chaînes de ce dernier. la garnison, 32 Suisses et 85 invalides, laissent opérer. Sous les coups, les chaînes se brisent, le pont s'abat et la foule se rue.
De Launay donne l'ordre de tirer au mousquet, la décharge frappe dans les premiers rangs. l'émeute s'arrête et la foule reflue en désordre.
Vers quatre heures de l'après-midi, la populace revient, renforcée par trois cents gardes-françaises qui tirent à balle contre la muraille. Ils mettent également en batterie deux canons face à l'entrée de la forteresse.
Le gouverneur fait alors tirer un de ses canons chargé à mitraille mais dans le même temps, les invalides mettent la crosse en l'air, marquant par là qu'ils refusent le combat.
Les chefs des insurgés, Hulin et Elie, donnent leur parole: il ne sera fait aucun mal à la garnison si elle se rend.
Quatre invalides ouvrent le portail. Quelques secondes plus tard, c'est le massacre. On abat les officiers, on pend les invalides et les Suisses.
Le Gouverneur est entraîné à l'extérieur vers l'Hôtel de Ville. En cours de route, il a la tête tranchée avec un couteau de boucher par un cuisinier. Dans la soirée, on promème à travers la ville têtes coupées et entrailles sanglantes.
On va ensuite délivrer les prisonniers enfermés à la Bastille: il s'agit de deux fous que l'on expédie immédiatement à l'asile, de quatre faussaires et du Comte de Solenge, enfermé pour inceste.
Quant à la "Grande Peur", elle se déclenche bien fin juillet sur fond de "complot aristocratique".
L'inquiétude est latente depuis plusieurs mois. la dernière récolte a été très mauvaise. les prix industriels se sont effondrés, tandis que ceux des articles d'usage courant atteignent des sommets. La crise économique est là.
L'état d'esprit est donc particulièrement favorable à la propagation rapide de la panique qui va gagner toute la France et qui laissera des traces bien des années plus tard. Les événements les plus bénins, comme le coup de fusil d'un chasseur ou la poussière soulevée par le cheval d'un voyageur font croire à la présence de brigands pillant et massacrant tout sur leur passage. Le tocsin sonne, les femmes se cachent, les hommes restent en alerte.
La peur généralisée s'installe, bien que personne ne voit de brigands. A défaut on s'en prend alors au régime seigneurial, aux "accapareurs de vivres", à tous ceux qui, à tort ou à raison, sont considérés comme exploiteurs du peuple.