"le 29 juillet est arrivé un événement tel que dans aucun siècle, aucune nation, il n'en est arrivé de pareil et qui sera mémorable à jamais dans toutes les histoires : le douze, on découvrit à Paris la conspiration formée pour détruire cette capitale, faire périr les députés de la nation, renverser le trône français et réduire à l'esclavage tous les Français !
Cette conspiration devait avoir son effet dans la nuit du 14 au 15 juillet.
L'éloignement de M. Necker, Directeur général des finances, son exil hors de France mit tout en mouvement à Paris. Après plusieurs événements fâcheux arrivés dans cette capitale, par un effet du plus heureux des hasards, les habitants du Faubourg Saint Antoine furent à la Bastille demander des armes au Sieur Delaunay, gouverneur de cette prison royale. la résistance qu'il fit et cette demande sauva la France !
Ayant laissé entrer une soixantaine d'hommes dans la cour de la Bastille, il fit lever le pont-levis et tirer le canon chargé à mitraille sur ceux qui étaient dans la cour. La populace animée par une cruauté si atroce vint enlever de vive force la Bastille : un garde-française1 monte à l'assaut par le moyen des chaines qui attachaient le pont-levis. Arrivé en haut des murs, il fait tomber le pont et sauta dans la cour et s'empara du gouverneur à qui on trancha la tête.
On fouille dans ses papiers dans projet de la conspiration: cette découverte eut pour tous les complices qui sont obligés de fuir hors lesquels on trouve l'horrible les suites les plus funestes du royaume.
Toute la France est dans les alarmes les plus vives. Un bruit se répand qu'une foule de brigands l'inonde et met tout à feu et à sang. le 29, à 5 heures du soir, je vois venir des champs tous les moissonneurs criant: nous sommes perdus, les ennemis sont à Cuzy où ils massacrent tout, Tannay est détruit, Clamecy (illisible).
Je fais sonner le tocsin pour rassembler tout le monde et s'armer. Au moment où j'étais occupé à faire ranger sur la Place Saint Georges ceux qui se joignaient à moi, je reçois un billet du brigadier de la maréchaussée de Vézelay qui m'annonce que 1500 de ces brigands sont à Clamecy, que des ruisseaux de sang coulent de toute part, et que nous ayons au plus tôt à nous mettre en défense.
Toute la paroisse rassemblée et sous les armes, il est décidé entre les officiers municipaux et moi d'aller en avant voir. Sortant du bourg moi-même à leur tête, et nous fûmes en ordre de bataille autant que faire se peut jusqu'à Flez. Ne voyant rien, mais entendant sonner le tocsin de toute part, les tambours battant aux champs à Tannay, nous nous décidons à revenir après avoir envoyé six hommes à la découverte jusqu'à Tannay.
A notre retour, nous trouvons cinq députés de Corbigny qui venaient savoir ce qui se passait. Nous restons sous les armes toute la nuit pendant laquelle revinrent deux des envoyés à Tannay qui confirment ce qu'on avait annoncé de ces brigands, quoiqu'on en eut encore vu aucun dans nos quartiers.
Cette alarme se répand si rapidement dans toute la France qu'en moins de 24 heures (il y eut) dix millions d'hommes sous les armes. La crainte n'est pas encore dissipée aujourd'hui 1er septembre, on continue et même on redouble les gardes établies depuis cette alerte. On la monte ici très régulièrement toutes les nuits sans exception de qui que ce soit.
Les brigands commencent à s'approcher de nous : les bois en sont pleins de sorte que nous sommes menacés des plus grands malheurs si Dieu ne vient à notre aide. La famine est à notre porte, la rigueur de l'hiver, la médiocrité des récoltes de toutes espèces, les mouvements internes qui se font dans l'État, comme tous les fléaux les plus cruels vécus sur ce royaume nous assiègent de toute part."