Jusqu'à la Révolution, l'Église détenait la réalité du pouvoir dans tous les domaines : politiques, financiers, intellectuels, moraux.
Les grandes abbayes (Cluny , cîteaux, etc) avaient essaimé dans toute l'Europe et dépendaient directement du Vatican, tout comme les jésuites qui contrôlaient l'enseignement et le conseil aux Rois.
Elle avait l'arme de l'excommunication sur les grands, l'ascendance religieuse et morale sur les peuples. Avec des milliers de clercs à sa dévotion qui étaient autant de relais de communication et de propagation de la doctrine, l'Institution religieuse et le pape étaient tout puissants.
Les Etats hésitaient à se confronter au Vatican sauf à profiter de papes de faible caractère (cf. la destruction du Temple par Philippe IV "le Bel" et la spoliation de l'Ordre sans que Clément V ne défende l'élite de ses moines-soldats !)
Mais l'église a mal évalué la montée en puissance des idées des "philosophes des Lumières", elle n'a pas compris l'émergence d'une bourgeoisie instruite et le déclin de la noblesse d'où elle tenait beaucoup de ses origines.
La bourgeoisie qui s'était enrichie par le négoce et la petite industrie naissante, qui n'était plus du peuple et qui était méprisée par la noblesse et le clergé déclenchera la révolution.
Elle poussera la population dans la guerre civile tout en étant sa matière grise (cf La Grande Peur de 1789). Elle ne voulait plus de cette mainmise religieuse et espérait bien se placer dans les bouleversements attendus 36, …quitte à les provoquer !
Il fallut un xixe siècle impliquant trois Républiques, trois Régimes monarchiques et deux Empires, pour que les conclusions se dessinent : abolition réelle des privilèges, confiscation des biens, mentalités anticléricales de plus en plus dures, laïcité.
Le clergé résista plus longtemps que la noblesse déjà affaiblie par le Roi lui même, mais les lois de 1901 sur les associations et de 1905 sur la séparation de l'église et de l'Etat portèrent le coup de grâce.
Une profonde cassure apparut dans les campagnes entre les "républicains" anticléricaux et les "conservateurs" adeptes des excès inverses, jusqu'à l'horreur de la guerre de 1914-18 .
Ils s'aperçurent, dans les villages, que le sang qui avait coulé dans les tranchées était le même et que ceux qui les manipulaient s'étaient rarement exposés au feu de l'ennemi …!
Après 1920, les tensions politiques nées des lois de séparation de l'église et de l'Etat s'étaient relativement apaisées.
L'Église ayant retrouvé son rôle pastoral apporta sur le terrain un soutien moral important pendant et après 2 guerres mondiales meurtrières : en perdant son pouvoir temporel elle avait gagné en Sainteté.
En fait, elle rejoignait la sphère privée comme le proposait Condorcet 150 ans plus tôt … dommage qu'il n'ait pas été écouté !